Survie

A fleur de presse

À FLEUR DE PRESSE : Mondialisation

(mis en ligne le 1er mai 2003) - Survie

Politis, L’eau, un marché juteux, 27/03 (Thierry BRUN) :

« La Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce et l’Union européenne sont des acteurs décisifs de la privatisation. [...] Quand les géants de l’eau entrent en scène, [...] le prix de l’eau augmente. En Grande-Bretagne, le prix de l’eau a augmenté de 450 % et les profits de 692 %. [...] Et l’on assisterait à ce que d’aucuns appellent la “pétrolisation” de l’eau. L’eau, ne pouvant plus être considérée comme un élément constitutif du patrimoine commun de l’humanité, mais comme une marchandise, doit être traitée sur les marchés à l’instar du pétrole. [...]
La Banque estime que le marché potentiel de l’eau s’élève à 1 000 milliards de dollars et constituerait le placement le plus profitable. De grandes firmes comme Monsanto, promoteur des OGM, convoitent ce marché lucratif et négocient actuellement une possible collaboration avec la Banque mondiale. Mais seules quelques multinationales comme Suez-Lyonnaise des Eaux, Vivendi Environnement et l’américaine Bechtel dominent le marché mondial. Elles sont assistées par [...] la Banque mondiale et l’OMC. [...]
Avec un Accord général sur le commerce des services (AGCS), l’OMC organise la programmation de la privatisation complète de tous les services. “[...] L’Union européenne joue un rôle très agressif comme moteur de la “pétrolisation” de l’eau”, explique Raoul-Marc Gennar, chercheur auprès d’Oxfam Solidarité (Bruxelles) et [...] spécialiste de l’AGCS. [...] Dans plusieurs lettres échangées en 2002 avec Suez-Lyonnaise des eaux et les services de Pascal Lamy, commissaire européen au commerce et seul négociateur à l’OMC, la Commission européenne a demandé à cette multinationale de lui communiquer les législations et règlements qui, pays par pays, “affectent [ses] opérations de manière négative”, en insistant sur les normes nationales qui imposent le service universel. [...]
La prospection, la protection et la gestion des nappes aquifères, la captation, la purification et le stockage de l’eau, sa distribution et le traitement des eaux usées sont des activités qui tombent sous le couperet de l’AGCS. [...] Tous les pouvoirs publics sont ciblés, de l’État aux collectivités locales. [...] L’accès libéralisé aux eaux souterraines ouvre la voie à la privatisation des nappes phréatiques. Et ainsi pourra se terminer le processus complet de “pétrolisation” de l’eau. »

Il n’est pas sûr que ce processus se passe sans heurts. Les pétroliers sont désormais friands de gisements au large, offshore - où l’on ne trouve guère d’eau douce. Pour exploiter le pétrole à l’intérieur des terres, il faut souvent perpétrer des nettoyages ethniques, et à la fin les peuples trop longtemps maltraités peuvent compromettre le pompage. Au Nigeria, fin mars, après une série de troubles, les multinationales ont dû baisser de plus d’un tiers leur production.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 114 - Mai 2003
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