Survie

A fleur de presse

Ghana : À FLEUR DE PRESSE : Mondialisation

(mis en ligne le 1er mai 2003)

France-Soir, Bons points, pas d’embonpoint, 14/04 (Jean-Étienne JUTHIER) :

« Paradoxe. Le Ghana est assis sur une montagne d’or et croule sous une montagne de dettes. Paradoxe. Le Ghana était présenté comme le meilleur élève du FMI, il est maintenant “un pays pauvre très endetté”. Conclusion logique : quelque chose cloche. Interrogez les habitants des pays en développement, ils vous diront que les règles du FMI et de la Banque mondiale ne fonctionnent pas. Demandez aux grandes puissances, elles vous répondront que les pays pauvres ne suivent pas les règles. Questionnez le FMI et la Banque mondiale, ils vous expliqueront que les règles sont bonnes, mais que personne ne les suit, ni les riches, ni les pauvres.
Une situation tragi-comique s’il en est. Seulement, les Ghanéens, eux, n’en connaissent que l’aspect tragique. Obligés de payer l’eau potable, de payer l’accès aux sanitaires, de payer, enfin, les médicaments et leurs séjours dans les hôpitaux publics. De payer, en somme, le prix de l’échec des politiques internationales.
C’est ce constat amer que dresse l’équipe de la BBC, dont le reportage, Quand le FMI fabrique la misère, est diffusé [... le 14 avril sur Canal+]. Pendant vingt ans, le Ghana a suivi à la lettre les conditions posées par le FMI et la Banque mondiale pour bénéficier de prêts : coupes drastiques dans les dépenses publiques, suppression des subventions d’État, ouverture du marché et service public payant. Résultat : le Ghana a abandonné la culture du riz, qui fournissait nourriture et travail, au profit de celle du cacao et de l’exploitation des mines d’or. Celles-ci sont gérées par des compagnies étrangères bien sûr, qui en tirent d’énormes profits. Et les Ghanéens n’en ont jamais vu la couleur, sinon celle des poussières nocives déversées sur leurs anciennes terres. Quant au riz, le pays l’importe désormais des États-Unis, l’État à l’agriculture la plus subventionnée du monde (20 milliards de dollars par an).
Conséquence, les institutions internationales commencent à corriger leur jugement, à plaider pour une révision de la dette. Allègement, étalement, suppression, on ne sait trop, tant les discours restent vagues et le nombre des promesses non tenues considérable.
Les Ghanéens, eux, continuent à boire de l’eau non potable, et à ne pas pouvoir se soigner. ».

« Montagne d’or, montagne de dettes » : on pourrait en dire autant du Mali. Mais l’on attend encore la chaîne française qui financera pareil documentaire sur une ancienne colonie française.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 114 - Mai 2003
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