« La politique française [au Rwanda] comportait deux aspects qui n’apparaissent pas [dans le documentaire Tuez-les tous !]. D’un côté, il fallait assurer la sécurité du Rwanda, l’intégrité territoriale du Rwanda, comme François Mitterrand l’avait fait au Tchad contre la Libye quelques années auparavant, pour empêcher cette attaque militaire de l’extérieur - de l’armée de l’Ouganda et du FPR de Kagame [...]. D’où la coopération militaire avec cette armée rwandaise dans le cadre des accords déjà signés par la France et le Rwanda, cette armée étant incapable d’assurer cette sécurité territoriale toute seule... » (Hubert VÉDRINE, qui était Secrétaire général de l’Élysée en 1994. Droit de réponse au documentaire Tuez-les tous !, dans l’émission Passé sous silence de France 3, le 27/11/2004).
« En 1990, [...] l’opération Noroît [...] était une opération dans le cadre des accords de défense que la France avait avec le Rwanda. Sauf à dire : "Quand on a des accords de défense avec un pays, il ne faut pas les respecter !" Sauf à dire : "Ces accords de défense, il ne faut plus en signer !" - ça, c’est une question importante [...] -, il y avait la nécessité pour la France, conformément à ces accords, de venir aider le pouvoir en place contre une agression extérieure... » (Paul QUILÈS, qui a présidé la mission d’information parlementaire sur le Rwanda. Intervention dans le débat qui a suivi la projection du documentaire Tuez-les tous !, idem).
On se souviendra encore dans vingt ans de l’interminable monologue d’Édouard Balladur sur France 3 : douze minutes de langue de bois en plan fixe, sans la moindre question, même de complaisance. Cette parenthèse surannée, ressuscitant sur nos écrans surchargés de pub la télévision d’État sauce Peyrefitte, avait apparemment pour but d’inciter l’un des jeunes réalisateurs de Tuez-les tous ! Histoire d’un génocide "sans importance" à l’abjuration. Puis MM. Védrine et Quilès poursuivirent ce faux débat cocardier par une leçon de Realpolitik qui appelle au moins trois commentaires.
Mehdi Ba