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(mis en ligne le 1er novembre 2005) - Pierre Caminade, Victor Sègre

La Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi propose (détails in Billets n°133, p. 10) :
Géraud de La Pradelle
Imprescriptible
L’implication française dans le génocide tutsi
portée devant les tribunaux
Les arènes, 2 février 2005, 188 p., 19,90 €

Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Sandrine Lemaire (sous la direction de), La Fracture coloniale, La Découverte 2005, 311 p., 20 €.
L’ouvrage a pour ambition d’ouvrir un nouveau champ de recherche en France, inspiré des travaux anglo-saxons : celui des études post-coloniales. Il s’agit moins d’appréhender les relations de dépendance entre la France et ses anciennes colonies - que nous qualifierions plutôt de néocolonialisme -, que d’étudier la société française à la lumière de l’expérience coloniale passée. Croisant les disciplines (histoire, sociologie, philosophie, science politique ou démographie) le livre réunit une trentaine de contributions dont le point commun est d’interroger la pertinence du concept de « fracture coloniale » pour rendre compte d’un certain nombre de phénomènes : la survivance de caractéristiques de l’idéologie coloniale aujourd’hui dans les discours médiatiques et politiques, la persistance d’un révisionnisme historique et d’un imaginaire national aveugle, le racisme et les discriminations à n’en plus finir, la ghettoïsation accrue des banlieues, le traitement spécifique des Dom-Tom, une conception de l’action humanitaire héritière de la « mission civilisatrice », une islamophobie entretenue, etc. Il s’agit également de rendre compte des représentations des jeunes « issus de l’immigration » et de leurs aspirations à une meilleure connaissance de l’histoire coloniale.
Victor Sègre

Nous nous devons de signaler une ambiguïté de positionnement, qui n’est pas sans rappeler l’esprit du Mémorial de l’outre-mer en projet à Marseille. Les trois directeurs de l’édition cosignent une introduction qui met en balance le « simplisme de l’anti-colonialisme » et celui « de l’hagiographie » (p. 14). Entre les nostalgiques de l’Empire et les pourfendeurs du colonialisme, ils évoquent une « symétrie des débats », invitent à dépasser le « manichéisme de ces positions » qui s’affrontent sur un « champ de bataille mémoriel » (p. 23). Nous préférons affirmer que les peuples, dans leurs longs voyages, auraient pu se rencontrer de façon moins violente si les uns n’avaient pas été si imbus de leur technologie militaire, s’il avaient envisagé le commerce et des relations de bonne foi au lieu de laisser se défouler leur racisme dominateur. Qu’il nous soit permis d’être « manichéens », voire même « simplistes », sur certains sujets : qui oserait ne pas l’être face au nazisme, pour prendre un exemple qui fâche.
Pierre Caminade

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 141 - Novembre 2005
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