Survie

Mali : Regain de censure au Mali

(mis en ligne le 1er octobre 2006) - Victor Sègre

Des journalistes et militants du réseau Radio libre Kayira subissent depuis quelques mois une nouvelle vague de répression qui s’est accentuée cet été. La radio Kayira, dirigée par Oumar Mariko, également secrétaire général du SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance) constitue un soutien important des luttes sociales et démocratiques au Mali, qu’il s’agisse de la lutte des syndicalistes de la mine d’or de Morila face au pillage effréné de la Somadex (filiale de Bouygues, cf. Billets n° 142 et 143), ou de celle des cheminots face à la concession scandaleuse de la Régie des Chemins de Fer du Mali à Transrail [1]. Plusieurs de ses membres ont déjà connu la prison pour " incitation à la révolte " et " opposition à l’autorité de l’État ". En septembre 2005, Radio Kayira dépose une demande de fréquence pour émettre dans la ville de Niono, afin d’appuyer les luttes des paysans dans les terres de l’Office du Niger. Huit mois plus tard, la radio est fin prête, mais n’a toujours reçu aucun réponse du ministre de la communication (par ailleurs ancien éditorialiste de l’UDPM du dictateur Moussa Traoré et de Alpha Oumar Konaré...) Le 24 avril 2006, elle décide alors de commencer des diffusions d’essai. Quarante huit heures après ces premières diffusions, le préfet de Niono leur intime l’ordre de procéder à la fermeture de la radio et les intimidations policières commencent. Radio Kayira saisit alors le Conseil supérieur de la Communication qui leur donne raison au regard de la loi. Le répit est de courte durée : mi-mai, une nouvelle décision préfectorale leur intime le silence, toujours sans justification relatives aux procédures d’obtentions des fréquences. Décision d’autant plus scandaleuse que pendant ces huit mois, deux autres radios (Séko et Sikoro) créées par le directeur de l’Office du Niger émettent sans avoir reçu, ni déposé de demande d’autorisation d’émettre. Fin août, 6 collaborateurs de Radio Kayira sont finalement arrêtés et condamnés à un mois de prison ferme et 50 000 FCFA d’amende pour, à nouveau, " opposition à l’autorité de l’État. "

Victor Sègre

[1L’actionnaire majoritaire de la nouvelle entreprise Transrail SA est au départ un consortium canado-français Canac-Getma. Le consortium CANAC-GETMA a ensuite cédé ses actions au Français J. Lefebvre et à l’American Savage Companies. Cf. « Mali, Niger : la mondialisation néolibérale contre les plus pauvres », www.cadtm.org/article.php3?id_article=1712

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 151 - Octobre 2006
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