Survie

République Démocratique du Congo. L’imbroglio sous les décombres

(mis en ligne le 1er juin 2007) - Sharon Courtoux

Une situation dramatique qui s’aggraverait si la présence de Paul Barril à Goma, la capitale du Nord Kivu était avérée

Nous avons traité de la situation dans le Nord Kivu dans notre publication du mois d’avril, en évoquant plusieurs points :

 Le « mixage » des éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) avec celles du général insurgé Laurent Nkunda, alliance destinée à combattre les FDLR [1] et les exactions commises à l’encontre des civils par ces troupes. Les exactions se poursuivent. Le « mixage » pourrait dérailler. Le général Nkunda a déclaré que « le processus d’intégration de ses troupes a échoué ». Il reproche aux autorités congolaises de ne pas les entretenir et menace de « récupérer ses hommes pour les utiliser autrement ».

 Nous signalions que certains observateurs soupçonnaient le général Nkunda de recruter de nouvelles troupes afin d’asseoir son pouvoir. Le fait est confirmé, il s’agirait même de plusieurs milliers d’hommes.

 Dans ce contexte, nous soulignions la difficulté de connaître les intentions de Kinshasa. Il est toujours aussi difficile de les cerner avec précision, comme le confirment tous ceux qui s’y intéressent de près. Il faut cependant noter que l’état major général des FARDC vient de nommer un nouveau commandant à la tête de la 8ème région militaire (Nord-Kivu), le général Mayala, qui a su gérer la situation en Ituri avec un relatif succès.

 Le Rwanda, qui a offert sa médiation dans l’opération du « mixage », serait actuellement à nouveau mis à contribution.

Que ferait donc Barril à Goma ?

C’est toute la question. Le célèbre gendarme français est trop connu de nos lecteurs pour qu’il soit nécessaire de rappeler ses nombreuses frasques et l’utilisation qu’en fait la République. Soulignons tout de même qu’il a servi la cause du régime génocidaire rwandais soutenu par la France. Le Nord-Kivu, frontalier avec le Rwanda, reste d’ailleurs gangrené par les conséquences de ce drame et les relations franco-rwandaises sont au plus bas. Des sources proches du général Nkunda ont affirmé la présence de Barril à Goma fin avril. Une indication confirmée par plusieurs autres sources rwandaises. Celles-ci précisent que c’est en sa qualité de spécialiste en matière la sécurité qu’il se trouve à Goma. La sécurité de qui ? De quoi se mêlerait-il ? Et qu’en penser ?

Deux choses évidentes : la première est que les sources, sur place ne permettent pas de dire, aujourd’hui, ce qu’il en est. Le deuxième est ce que pourrait représenter la présence de Paul Barril dans le Nord Kivu. Elle est suffisamment redoutable pour rendre la vérification urgente.

L’auteur de ces lignes a souvent traité, dans ces Billets, de la complexité de la situation en RDC en le qualifiant de véritable imbroglio sous les décombres. Les événements régionaux ont été « gérés » d’une façon désastreuse par des intérêts qui ont passé les innombrables victimes par pertes et profits. Il ne manquerait plus que Paul Barril contrecarre les tentatives de se relever de cet amas de ruines.

Sharon Courtoux

[1Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, composées de Hutu rwandais dont certains éléments ont participé au génocide en 1994

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 159 - Juin 2007
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