Survie

À qui appartient le Tchad ?

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé le déploiement d’une force mixte ONU-Union européenne dans l’Est du Tchad « pour protéger les civils touchés par le conflit au Darfour voisin ». Une force internationale qui ne devra pas confisquer l’avenir des Tchadiens en stabilisant le régime criminel d’Idriss Déby.

(mis en ligne le 1er octobre 2007) - Sharon Courtoux

Si le Tchad doit avoir un avenir qui lui appartient, il faut que cesse toute intervention extérieure empêchant la société civile et la véritable opposition politique de le construire à leur guise. Les deux appellent à un dialogue national incluant tous les groupes politico-militaires jusqu’ici tenus à l’écart.

Ils n’attendent pas de la communauté internationale que celle-ci décide à leur place, mais qu’elle facilite un tel dialogue, dit inclusif, en assurant la sécurité nécessaire à sa tenue. Par ailleurs, à l’issue de ce dialogue, ils préconisent l’organisation d’une élection présidentielle, condition sine qua non à la paix, même si tous les éléments de la société civile ne le crient pas encore sur les toits.

Le récent accord signé, le 13 août dernier, entre les partis politiques de la majorité et de l’opposition en vue du « renforcement du processus démocratique au Tchad » n’aborde pas cette question du dialogue inclusif. Il ne mentionne que la tenue de futures élections législatives.

La société civile n’a pas été associée à cet accord. Dans ces conditions, si cet accord devait aboutir à la mise en place d’un gouvernement, chacun sait ce qu’il en résulterait  : Idriss Déby, resté au pouvoir, associerait à un gouvernement de transition les seuls éléments « achetables » de son opposition politique.

Les groupes politico-militaires continueraient à se battre, et le Tchad en resterait à la situation actuelle. Redoutable perspective  !

De son côté, l’Union européenne laisse à la France la maîtrise des décisions au sein de l’institution pour ce qui concerne le Tchad. Paris, qui n’est pas favorable à l’inclusion des politico-militaires dans un dialogue national, est hostile à tout ce qui pourrait contribuer à écarter l’actuel président tchadien. Elle compte décider elle-même qui pourrait (au mieux de ses intérêts) le remplacer.

Dans l’attente du (probable ? Possible ?) futur déploiement d’une force hybride Union africaine-Nations unies au Darfour, le déploiement, dans l’est du Tchad, de cette force internationale à dominante française pèsera considérablement sur les événements.

Qu’il soit nécessaire de protéger les populations civiles tchadiennes (et les réfugiés soudanais par la même occasion) menacées par une situation régionale dramatique n’est pas contestable. Mais que ce rôle de protecteur serve de paravent pour soutenir le régime au pouvoir dans son excolonie est inacceptable.

Dans la situation qui est aujourd’hui la leur, les Tchadiens ont besoin qu’on leur tende la main et non un piège. L’accord du 13 août dernier en est un, comme l’a qualifié l’opposant Ngarlejy Yorongar. Un accord salué par la France. « Le seul moyen d’aider les Tchadiens, c’est d’amener rebelles et dirigeants à la table des négociations. Mais ça, ce n’est pas à l’ordre du jour » affirme Dobian Assingar, président d’honneur de la Ligue tchadienne des Droits de l’homme (FIDH).

Sharon Courtoux

Dettes
La Banque mondiale a publié son rapport Global Development Finance 2007 contenant l’actualisation des principaux chiffres concernant la dette des pays en développement. La dette extérieure totale desdits en 2006 s’élève en 2006 à 2 850 milliards de dollars, ce qui représente 110 milliards de plus qu’en 2005. Quant au service de la dette extérieure en 2006, le montant atteint 540 milliards de dollars, soit exactement le montant de la dette extérieure totale en 1980.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 162 - Octobre 2007
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