Survie

« La justice internationale oubliée des négociations sur le Darfour »

(mis en ligne le 1er octobre 2007) - Sharon Courtoux

Extrait de l’article de Philippe Bolopian
paru dans le Monde du 23 septembre
2007.
« Dommage, murmure Luis Moreno
Ocampo, le procureur de la Cour pénale
internationale (CPI). Aucun (des ministres
des 26 pays qui ont assisté à une
réunion sur le Darfour, vendredi 21 septembre
à l’ONU) n’a publiquement appelé
à l’arrestation d’Ahmed Haroun, secrétaire
d’État soudanais aux Affaires humanitaires,
et d’Ali Kushayb, un chef janjawid (les miliciens
du Darfour soutenus par Khartoum),
tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt
de la CPI pour crimes contre l’humanité.
 »
Et Luis Moreno Ocampo de déplorer
dans l’article : « Je crains que le silence
de la plupart des États et des organisations
internationales sur le sujet ait été compris
par Khartoum comme un affaiblissement de
la détermination internationale en faveur
du droit et des arrestations
 ». « Soucieuses
de mener à bien le déploiement au Darfour
d’une force militaire de 27 000 hommes,
l’ONU et l’Union africaine évitent de
s’opposer publiquement au Soudan sur la
question des inculpations […]
 ».

Mais « avec Ahmed Haroun en charge des
camps, il n’y a pas de solution possible
 »,
s’exclame M. Moreno Ocampo. « Comment
organiser une mission humanitaire ?
C’est comme traiter avec Goebbels pour
démanteler les camps de concentration
 »,
dit-il. Signe qu’il se croit à l’abri de toute
sanction, le gouvernement soudanais
a nommé M. Haroun coprésident d’un
comité chargé d’enquêter sur les violations
des droits de l’homme.

« J’ai eu tort, mais nous n’en avons pas parlé
 », a reconnu le ministre français des Affaires
étrangères, Bernard Kouchner […].
« On ne peut pas, sous prétexte que nous
avons besoin de mettre en oeuvre cette force,
oublier que nous avons une justice internationale
 », a-t-il admis après une rencontre
avec M. Moreno Ocampo.

Tandis que la communauté internationale
tente de consolider un processus de paix
fragile, la violence a repris autour des
camps. « Cela ressemble à un chaos, mais
ce n’en est pas un. J’ai des raisons de croire
que c’est une opération dans laquelle Ahmed
Haroun joue un rôle clé
 », a déclaré le procureur
de la CPI.
Sharon Courtoux

[Ocampo a raison sur toute la ligne.
Kouchner « a eu » terriblement tort. Il
pourrait se rattraper. S ’il ne le fait pas, il
faudra s’en souvenir.]

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 162 - Octobre 2007
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