Survie

Sarkobêtisier

(mis en ligne le 1er décembre 2007) - Odile Tobner

« Ça fait plus de vingt ans que votre ministre
des Affaires étrangères est un Américain
venu d’ailleurs
 », a déclaré Nicolas Sarkozy
lors de sa récente visite aux États-Unis, devant
le French-American Business Council
à Washington.
Peu de temps auparavant, devant la communauté
française, il parlait de son amour
pour l’Amérique, dotée depuis vingt et un
ans d’un ministre des Affaires étrangères
qui n’est « pas américain du canal historique
 ». Déjà, le 21 septembre dernier, il avait
inclus la secrétaire d’État Condoleezza Rice
parmi des « Américains de l’extérieur ».
En remettant la Légion d’honneur au vétéran
américain Charles Shay, qui a débarqué
à Omaha Beach en 1944, et qui est devenu
aujourd’hui chef indien, Nicolas Sarkozy
s’est vanté d’avoir deux points communs
avec lui : « Je suis un immigré tout comme
vous, et moi aussi je suis chef.
 »

Apparemment Nicolas Sarkozy a un problème
avec son statut de Français issu de
l’immigration et avec la couleur des gens.
Mais il a aussi un problème avec la connaissance
de l’histoire ancienne et récente des
États-Unis. Bien avant Madeleine Albright,
née en Tchécoslovaquie, devenue secrétaire
d’État en 1997, Henry Kissinger, né en
Allemagne, avait occupé ce poste. Certes
Colin Powell est né à New York de parents
immigrés jamaïcains, mais les ascendants
en Alabama de Condoleezza Rice sont des
Américains depuis des générations, à peu
près comme les Bush. Tous les Américains
sont venus d’ailleurs sauf les Indiens, seuls
autochtones, alors que, pour Sarkozy, un
Indien a forcément une tête d’immigré.

Odile Tobner

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 164 - Décembre 2007
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