Les autorités françaises ont toujours
prétendu qu’elles avaient appuyé,
presque porté, les accords
d’Arusha pour faire aboutir la paix
au Rwanda dans la période précédant
le génocide. Une analyse vient
renverser la lecture que l’on doit
faire de ce « soutien de la France »
aux accords d’Arusha. Le premier
accord d’Arusha, le cessez-le-feu
du 12 juillet 1992, comportait des
clauses qui impliquaient une modification
radicale de la politique française
au Rwanda à partir du 31 juillet
1992, date de son entrée en vigueur :
le retrait du Rwanda des troupes de
l’opération Noroît et la cessation des
livraisons d’armes au gouvernement
rwandais.
Les livraisons d‘armes managées
par la France ont continué après
cette date, y compris pendant le
génocide après l’embargo décrété
par le Conseil de sécurité. Le retrait
des troupes de Noroît n’a été effectif
qu’à partir de l’arrivée de la Minuar,
soit dix-huit mois plus tard. Il apparait
même que, ces deux points devaient
probablement être respectés
dès mars 1991, date du cessez-lefeu
de N’Sele.
D’autres points importants de cet
accord de juillet 1992 n’ont pas été
respectés par la France. Il en résulte
que la France n’a respecté aucun des
points qui la concernaient pendant
les négociations d’Arusha, a bafoué
la signature de son allié rwandais et
l’a donc encouragé à considérer cet
accord comme un « chiffon de papier
».
Cette analyse, qui s’appuie sur le
texte de l’accord, des articles de
l’époque, le rapport des députés
français, celui de la Commission
d’enquête citoyenne (CEC) et sur
des documents de l’Élysée, montre
aussi que les députés ont présenté
en 1998 un rapport gravement falsifié
à ce sujet. Cette analyse est accessible
sur le site de CEC : www.enquete-citoyenne-rwanda.org
Emmanuel Cattier