Survie

Le livre que Nicolas Sarkozy et Henri Guaino ne liront pas

(mis en ligne le 1er novembre 2008) - Fausto Giudice

Le 26 juillet 2007, Nicolas
Sarkozy prononçait le
tristement célèbre « discours
de Dakar » provoquant
l’indignation générale des
intellectuels africains. Un
discours qui a suscité de
nombreuses publications
dont la dernière se propose
de remettre à niveau le
mauvais élève Sarkozy.

Ce jour de juillet 2007, dans l’enceinte de l’université Cheikh Anta Diop,
Nicolas Sarkozy a donné à entendre
un concentré hautement toxique de tous les
préjugés et de tous les stéréotypes produits
depuis plus de deux siècles par les idéologues
du « devoir de civilisation  ». Ce discours, pur
produit idéologique, a été accueilli par une légitime levée de boucliers d’intellectuels africains et d’africanistes. Chaque phrase, chaque
paragraphe de ce discours boursouflé, répétitif et redondant, écrit par son conseiller Henri
Guaino, a de quoi provoquer des hurlements
d’indignation et de colère. Mais au-delà de
l’indignation, il faut réfuter l’enchaînement
de syllogismes meurtriers censé fournir aux
jeunes africains une vision du monde dégagée à la fois du « mirage du collectivisme et
du progressisme
 » et de « la mondialisation
telle qu’elle se fait.
 »

Ce défi est relevé avec brio dans un ouvrage à paraître aux éditions La Découverte,
le 16 novembre : Petit précis de remise à
niveau sur l’histoire africaine à l’usage
du président Sarkozy
. L’ouvrage est né
d’un appel lancé, en septembre 2007,
par Adame Ba Konaré, historienne malienne et épouse de l’ancien président
Alpha Omar Konaré, auquel ont répondu
400 historiens africains, africanistes et
citoyens. Sur 45 contributions, 25 ont
été sélectionnées par un comité scientifique pour figurer dans le livre. Les
autres peuvent être consultées sur
le site memoireafrique.com
Les contributions retenues ont été
regroupées en quatre parties qui
abordent chacune un versant particulier du discours de Dakar. La
première – « qui a dit que l’Afrique n’avait pas d’histoire ? »
– s’attache directement à réfuter
l’idée absurde de l’anhistoricité
et de l’immobilité du continent.
La seconde – « un discours d’un
autre âge
 » – s’efforce de comprendre l’origine des stéréotypes
et les raisons de la pérennité des
préjugés concernant l’Afrique
en France. La troisième – « qui
est responsable des « difficultés
actuelles de l’Afrique ?
 » – déconstruit l’entreprise de restauration du mythe de la mission
civilisatrice de la France et de
son action bienfaitrice et souligne les séquelles de l’esclavage
puis de la conquête coloniale.
Enf n, la dernière partie – « qui
a parlé de Renaissance africaine ?
 » – interroge l’avenir
que Nicolas Sarkozy est « venu
proposer
 » à l’Afrique et lui
Le livre que Nicolas Sarkozy
et Henri Guaino ne liront pas
oppose les pistes dont les Africains s’efforcent de développer pour leur propre
compte.

Fausto Giudice

Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy (348 p., 22 euros).

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 174 - Novembre 2008
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