Survie

Du développement des colonisés...

(mis en ligne le 4 février 2010) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Nicolas Sarkozy s’est rendu à Mayotte le 18 janvier (voir page 11) pour y affirmer la souveraineté de la France, sa volonté de lutter fermement contre « l’immigration clandestine » et appeler les mahorais à leurs « devoirs », notamment développer l’île, sans trop compter sur « l’assistanat ».

Reprenant les termes du discours présidentiel, Arnaud Leparmentier, du Monde, écrit alors : « Les autres départements ultra-marins ne parviennent pas à créer un développement endogène et vivent pour une grande part de l’assistanat. »

C’est, au mieux, une méconnaissance de la réalité économique et sociale des Antilles françaises. Au pire, le pire des clichés du « nègre fainéant ». Car l’« assistanat » profite grandement aux caisses de grands intérêts privés : la défiscalisation au profit de filiales d’entreprises nationales ou des entreprises des descendants des colons, maîtres encore aujourd’hui de la majorité de l’économie locale, pèserait pour 3,3 milliards. Pour ce qui est du « coût de l’outremer », Yves Jégo, ancien ministre de l’Outremer, s’est énervé ainsi : « Ça coûte cher, ça veut dire quoi ? A l’intérieur d’un même pays, ce genre de questions n’a pas de sens. A Paris, les dépenses de l’Etat par habitant sont bien plus importantes que dans de nombreux autres territoires […] Ce débat sur le coût de l’outre-mer est un débat raciste, il faut avoir le courage de le dire ! »

De quoi relativiser cet « assistanat », surtout quand le PIB par habitant y est en moyenne inférieur de moitié à celui en métropole.

Quant au développement endogène, le mouvement de grève du LKP a justement prouvé la volonté des Guadeloupéens de le mener, mais a révélé aussi les barrières politiques qui l’entravent. Dans une économie de type colonial, où le partenaire commercial privilégié doit rester la métropole, il est hors de question de s’approvisionner en pétrole vénézuélien, pourtant si proche et moins cher que celui de Total ou de subventionner autre chose que des cultures d’exportations.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 188 - Février 2010
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