Survie

Sahara Occidental : répression marocaine, dissimulation française

(mis en ligne le 3 décembre 2010) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Il y a longtemps qu’on sait que le mandat
de la Mission des Nations unies pour
l’organisation d’un référendum au Sahara
occidental (MINURSO) a été dévoyé,
depuis presque trente ans que le référendum
d’autodétermination se fait attendre.

La
France, qui soutient indéfectiblement
la politique coloniale de la monarchie
marocaine, n’a pas peu contribué à cet état
de fait. On a récemment rapporté comment
elle s’était même opposée à ce que la
MINURSO doit dotée d’un volet consacré
à la surveillance du respect des droits
humains, ce qui en fait une exception parmi
les missions de maintien de la paix de l’ONU
existantes.

Aujourd’hui, la diplomatie
française persiste et signe. Pour protester
contre les discriminations et la situation
sociale dégradée dont elles sont victimes,
les populations Sahraouies ont organisé de
début octobre à début novembre un camp
de tentes dans le désert, regroupant jusqu’à
25 000 personnes à proximité de Laâyoune.
Après avoir fait mine de privilégier la
négociation, les autorités marocaines ont joué
la provocation, organisé le démantèlement
brutal du campement et provoqué des
émeutes qu’elles se sont empressées de
réprimer.

Le nombre de victimes parmi
les Sahraouis reste aujourd’hui incertain :
combien de tués, de blessés, d’arrestations
arbitraires et de cas de tortures ? Les
versions divergent fortement sur place
comme dans la presse internationale.

Avant
le déclenchement de la répression, Kouchner
avait jugé « inadmissible » à l’Assemblée
le refoulement par Rabat d’un député
français (le communiste Jean-Paul Lecoq),
mais la position officielle du Quai d’Orsay
se contentait de juger « surprenante »
et de « regretter » cette décision sans la
condamner.

Plus grave, sous l’effet des
pressions françaises, le conseil de sécurité
de l’ONU, au sein duquel la France dispose
d’un droit de veto, réuni à huis clos le 16
novembre, a simplement « déploré » les
événements de Laâyoune, mais a renoncé à
envoyer une commission d’enquête...

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 197 - décembre 2010
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