Survie

Côte d’Ivoire : élections, piège à c...!

(mis en ligne le 6 janvier 2011) - Rafik Houra

Qu’on ne s’y trompe pas, les
victimes de cette élection
ne sont pas à chercher du
côté des candidats. Tout
porte à croire que chaque
camp préparait depuis
longtemps le troisième
tour. Celui dans lequel
s’opposent actuellement
Gbagbo et la « communauté
internationale
 ».

Mais c’est bien la population
ivoirienne, à qui l’on servait
depuis 2007, que la présidentielle
allait clore la crise, qui se retrouve otage
d’une situation politique binaire et violente.
Les positions sont tranchées et les moyens
mis en avant extrémistes.

De Marcoussis aux isoloirs, huit ans de statu-quo militaire, de tensions toujours entretenues, de régression sociale et de marginalisation de la société civile. Huit ans ponctués d’accords politiques de dupes, de reconduction des contrats aux Bouygues et Bolloré. Huit ans dont le bilan
le plus marquant est celui des exactions.
Celles des rebelles, celles des milices et paramilitaires loyalistes, ou celles des soldats français.

On se souvient de Michel de Bonnecorse, conseiller de Chirac pour l’Afrique,
sortant, en janvier 2007, d’une audience avec Blaise Compaoré, le président burkinabé. C’était quelques semaines avant les accords de Ouaga qui firent du leader rebelle, Guillaume Soro, le premier ministre de Gbagbo. Bonnecorse annonçait (Billets n°157) un règlement de la crise seulement à l’issue des élections : « Le but des pays raisonnables est qu’il y ait des élections libres et honnêtes en octobre, ce qui donnera un président légitime qui sera soit élu, soit réélu, et c’est à ce président de mettre un terme à cette crise. »

Il sous-entendait des élections sans réunification du pays et sans désarmement des rebelles. Au lendemain des accords de Ouaga, la rumeur annonçait Gbagbo tranquille jusqu’en 2010. Bonnecorse et la rumeur ont eu raison. Dans son communiqué de presse du 23 décembre, « Côte d’Ivoire : la France pyromane ne doit pas jouer au pompier », Survie constatait donc la « responsabilité de la diplomatie française dans l’impasse » actuelle. Rappelant plus particulièrement la tuerie de novembre 2004, l’association Survie réclamait de la France « le retrait de son opération militaire au profit de troupes internationales sous commandement onusien.  »

Par ailleurs, le descriptif du Programme d’appui au processus électoral impulsé par l’UE au travers du PNUD annonçait : « Pour les prochaines échéances électorales, il est à prévoir que le problème de confiance se posera avec une acuité encore plus grande et exigera le recours à des pouvoirs décisionnels exceptionnels pour contrecarrer l’incapacité d’atteindre des consensus politiques en temps utile. »

De 2006 à aujourd’hui, deux programmes se sont succédé, au bénéfice
principalement de la Commission électorale Indépendante (CEI) pour des montants de 58 et 75 millions de dollars. Les organisations de la société
civile en ont aussi bénéficié, dans une moindre mesure.

La résurrection du vieux parti d’Houphouët-Boigny ?

Fin 2010, c’est enfin l’heure du vote pour les Ivoiriens. Le premier tour a vu
la mise à la retraite de l’ancien président Henri Konan Bédié, héritier du vieux parti unique (PDCI) d’Houphouët-Boigny.

L’entre-deux tours a vu la réactivation
de l’accord politique scellé à Paris
en 2005 réconciliant Ouattara et
Bédié pour défaire Gbagbo au second
tour. Oublié, le fait que le second
instrumentalisa l’ivoirité, dans les
années 1990, pour écarter le premier de
l’arène politique. Le PDCI et le RDR
de Ouattara, né d’une scission PDCI,
se retrouvent artificiellement réunis au
sein du nouveau parti Houphouëtiste,
le RHDP.

Commission électorale non indépendante contre Conseil constitutionnel aux ordres

La composition de la CEI a été fixée
par l’accord de Pretoria de 2005, qui se
réfère aux signataires de l’accord de
Linas-Marcoussis. Ces derniers accords
rassemblaient trois mouvements rebelles
– qui rapidement n’en firent plus qu’un –,
quatre partis aujourd’hui rassemblés au
sein du RHDP, le FPI de Gbagbo, et deux
partis plus ou moins associés à Gbagbo.
Compte tenu de son alliance réussie avec
les rebelles et les Houphouëtistes, la
CEI est très majoritairement favorable à
Ouattara. Pour compenser sa composition
partisane, les décisions de la CEI doivent
être prises par consensus. Début 2010,
Gbagbo avait obtenu la démission de la
CEI après des manoeuvres douteuses de
son président lors de la constitution des
listes électorales. Le camp présidentiel
avait tenté en vain de changer la distribution
des cartes. À peine évoquée, l’idée d’y
faire entrer la société civile avait avorté.

En revanche, le Conseil constitutionnel,
calqué sur le modèle français, est contrôlé
par le camp Gbagbo. Le scénario qui a
mené au bicéphalisme actuel est le suivant :
alléguant des fraudes, les membres
de la CEI favorables à Gbagbo ont bloqué
tout consensus sur les résultats du second
tour. Le porte-parole de la CEI – issu des
rebelles – tenta de passer outre et voulu
annoncer des résultats régionaux. Devant
les caméras, il en fut empêché par deux
autres membres. Après trois jours de
blocage, le Conseil constitutionnel prit
le dossier en main. Avant que ce dernier
ne se prononce, Youssouf Bakayoko, le
président de la CEI, se rendit à l’hôtel du
Golf, d’où il déclara Ouattara vainqueur.
Le lendemain, le Conseil constitutionnel
invalida le scrutin dans sept départements
et déclara Gbagbo vainqueur.

La question de la fraude

Les chiffres de la participation ont alimenté
les soupçons de gonflement des suffrages.
La bonne participation annoncée le jour
du vote (estimée entre 65% et 70%) est
devenu excellente quelques jours plus tard
avec les chiffres de la CEI (84% au premier
tour, 81% au second). Six départements
auraient connu un bond de participation
entre les deux tours de 6 à 9,5 points,
atteignant de 87% à 94% de participation
au second tour. Tous ces départements,
contrôlés par les rebelles, ont accordé leurs
faveurs à Ouattara. Dans son rapport sur le
second tour, la Convention de la société
civile ivoirienne (CSCI) a regretté de ne
pas pouvoir confronter ses données avec
les procès verbaux recueillis par la CEI.
Pour aller dans ce sens, il faut noter que
la confrontation des données régionales ou
nationales est insuffisante. Dans le même
ordre d’idée, le nombre d’observateurs
(100 observateur de l’UE, 1000 de la CSCI)
devrait être accompagné de leur répartition
sur le territoire, surtout dans le cas ivoirien.
On sait par exemple que les renforts
militaires de l’ONUCI, arrivés du Libéria
pour les élections, se sont concentrés dans
les zones où la mixité ethnique est la plus
forte : Abidjan, Bouaké et les régions de
l’ouest et du centre-ouest.

La « République du Golf »

Depuis les accords de Marcoussis,
l’hôtel du Golf, où résident les ministres
issus de la rébellion, est sécurisé par
les casques bleus. Lorsque Bakayoko
s’y rend, Henri Konan Bédié, Alassane
Ouattara, Guillaume Soro, le représentant
du secrétaire général de l’ONU et les
ambassadeurs français et américain s’y
trouvent déjà. Ces derniers lui promettent
protection jusqu’à l’aéroport, en échange
de la proclamation de résultats. Bakayoko
annonce la victoire de Ouattara devant les
caméras occidentales avant de s’envoler
pour Paris.

Depuis, Ouattara et Soro
vivent dans l’hôtel, véritable enclave sous
protection de l’ONUCI et des militaires
rebelles. Leur stratégie pour obtenir le
départ de Gbagbo a connu trois phases. La
première fut l’appel à leur partisans avec,
le 16 décembre, un mot d’ordre lancé
pour « libérer la RTI [Radio Télévision
ivoirienne]
 », qui s’est transformé en mot
d’ordre de grève – peu suivi, sauf dans les
transports. La seconde est la demande aux
institutions internationales de geler les
comptes de l’État ivoirien, de sanctionner
l’entourage de Gbagbo et de ne plus
reconnaître les ambassadeurs nommés
par Gbagbo. Et finalement, l’appel à
une intervention militaire étrangère pour
déloger Gbagbo.

La mobilisation des jeunes patriotes

On note dans le gouvernement de
Gbagbo la présence de Charles Blé
Goudé, le « général » auto-proclamé des
« jeunes patriotes ». Blé Goudé organise
des meetings dans certains quartiers
d’Abidjan pour mobiliser contre Ouattara,
Soro, l’ONUCI, Licorne. Sans appeler
directement à la violence, il dérape
volontiers, annonçant un génocide à venir
perpétré par les « forces impartiales »,
appelant des manifestations « à mains nues » à déloger par tous les moyens Soro,
ses rebelles de la « République du Golf »
et les « forces impartiales ».

Il appelle en même temps à ne pas s’en
prendre aux résidents français, ni à leurs
entreprises. Blé Goudé espère montrer,
en mobilisant les foules, que Gbagbo est
indélogeable.

Les deux visages d’Abidjan

Il existe actuellement deux visages
d’Abidjan. La capitale ivoirienne est
fortement divisée, comme le montrent
les chiffres acceptés par les deux parties,
même s’ils sont légèrement à l’avantage de
Gbagbo avec 52% des suffrages exprimés
et 83% de participation au second tour.
D’une part, les quartiers huppés et une partie
des quartiers populaires ont majoritairement
voté Gbagbo. Les autres sont, depuis
la manifestation du 16 décembre,
sous l’étroite surveillance des « corps habillés » – policiers, gendarmes, paramilitaires... – restés fidèles à Gbagbo. La journée du
16 a enregistré entre vingt et trente morts
selon les deux camps. À en croire l’ONU,
un mois après le second tour, le bilan
serait proche de 173 morts, principalement
parmi les partisans de Ouattara. La peur
règne dans les quartiers Dioulas. Des
informations inquiétantes circulent, faisant
état de barrages tenus par des paramilitaires
anglophones, d’enlèvements de nuit.
Le 19 décembre, un charnier aurait
été découvert près d’Abidjan. L’ONU
n’a pas encore pu se rendre sur place.

Soro et Choi, le représentant de l’ONU,
évoquent des escadrons de la mort à
la solde de Gbagbo, des mercenaires
angolais, libériens ou sierra-léonais. Le
diplomate français, Alain Le Roy, chef du
département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a confirmé la présence
de mercenaires libériens.

Retour à la case CPI ?

Comme en 2003, la possibilité de traduire
Gbagbo et son entourage devant la justice
internationale est évoquée.La liste des
crimes impunis en Côte d’Ivoire est
longue, tant de la part des loyalistes que
des rebelles.
Mais jusqu’ici les menaces
d’inculpation sont restées au stade du
chantage diplomatique.

Début 2003, les médias français se sont fait l’écho
d’une enquête en cours liant l’entourage
du président ivoirien aux escadrons de
la mort qui sévissait à Abidjan (Billets
n°113). Elle est toujours restée à l’état
d’enquête ouverte et ne s’est jamais
concrétisée par une inculpation. Il s’agit
manifestement d’un dossier qu’on gardait
sous le coude... Le Monde et Paris-
Match ont été condamnés pour avoir lié
la présidence ivoirienne aux escadrons
de la mort. La mouvance rebelle proche
d’Ibrahim Coulibaly (surnommé « IB »,
ancien garde du corps de la famille de
Ouattara, mêlé au renversement de Bédié
en 1999 et présenté en 2002 comme le
parrain de la rébellion) avait constitué un
dossier sur les crimes du régime Gbagbo,
mais pendant l’été 2003, elle avait été
mise hors jeu, suite à l’arrestation d’IB
par la DST à Paris, après une enquête du
juge Bruguière (Billets n°188)
.

C’est à ce moment que Soro a vraiment
pris les rênes de la rébellion, que le
chemin de fer ivoiro-burkinabé exploité
par Bolloré a pu à nouveau circuler. C’est
aussi à cette période que l’État ivoirien a
renoué avec le grand patronat français. En
mai 2008, Gbagbo pouvait déclarer « il
faut quand même que les gens sachent que
dans tous les grands choix que nous avons
opérés, ce sont les entreprises françaises
que nous avons choisies
 ».

Impatience française

Pour le Grigri International (24 décembre),
« Aurore Bergé, ambitieuse candidate en
2008 à la direction des Jeunes populaires
de l’UMP
 » est la première à annoncer
une victoire de Ouattara, le lendemain
du second tour. Deux jours plus tard, le
site d’information Euronews affichait
un bandeau annonçant la victoire du
même Ouattara, avant de s’excuser,
invoquant un « problème technique »
– (sic). Mais dès la nuit du second tour,
le journaliste Jean-Paul Ney annonçait
sur son site (LesGrandesOreilles) la
victoire de Ouattara en accumulant des
faits grossièrement faux : « Le couvrefeu
n’est plus respecté par les gens qui
dansent dans les rues
 », « le mouvement
militaro-civil pour la libération du
peuple (MCLP) menace de faire sauter
le président sortant
 », « À Paris, une
source de la DGSE confirme la victoire
sans appel de Ouattara
 ».

L’audiovisuel français tape d’ailleurs fort en matière
de désinformation. Sur France 5 les
téléspectateurs ont appris qu’en 2000,
c’est Gbagbo qui a surfé sur l’ivoirité
pour évincer Alassane Ouattara (C dans
l’air, 06 décembre). Antoine Glaser, dans
une grande confusion, met tout sur le dos
de Gbagbo sur France Inter « [Gbagbo]
est arrivé au pouvoir en ayant écarté
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.
Et finalement les socialistes à l’époque
quand Henri Konan Bédié a [subi] le coup
d’état, on était en cohabitation, Jacques
Chirac à l’époque avec le conseiller
Michel Dupuech, ils étaient pour remettre
Bédié au pouvoir. Les socialistes ont
dit non, il y a notre camarade Laurent
Gbagbo qui peut quand même arriver
 »
N’oublions pas enfin Michèle Alliot-
Marie (Europe 1, 1er décembre) : « La
Côte d’Ivoire a toujours été un modèle de
démocratie en Afrique
 ».

Sanctions

Il existe un groupe d’experts nommé par
l’ONU dont nous avons salué le travail à
plusieurs reprises (Billets n°192). Son rôle
est de contrôler l’efficacité de l’embargo
sur les armes et de rapporter les infractions
relevant du comité des sanctions. On
s’étonne que son rôle n’ait pas été mis en
avant à l’heure où tombent de nouvelles
sanctions. Il a sans doute le tort d’avoir
mené son travail en zone rebelle aussi bien
qu’en zone gouvernementale. C’est sans
doute pour cette raison que son rapport
annuel, qui aurait dû être publié mi-octobre,
est inaccessible ! Notons que parmi la
soixantaine de personnes sous le coup de
sanctions de la part de l’UE figure l’ex-légionnaire
Frédéric Lafont (Billets n°196).

Offensive sarko-américaine

Devançant l’Élysée, l’administration américaine
a été la première à soutenir le
« nouveau président » Ouattara. L’offensive
diplomatique américaine contre Gbagbo
éclaire d’un jour nouveau deux incidents
relevés précédemment (Billets n°195)
 :
l’interdiction faite au président du FPI de se
rendre aux États-Unis cet été et l’arrestation
d’un militaire envoyé par le gouvernement
ivoirien pour acheter du matériel de
maintien de l’ordre peu avant les élections.
Le duo franco-américain à l’ONU s’est dans
un premier temps heurté à la Russie avant
que celle-ci accepte la position occidentale.

L’Union africaine s’est alignée tandis que
la CEDEAO, emmenée par le Nigérian
Jonathan Goodluck, prenait les devant,
menaçant très tôt Gbagbo d’un recours à la
force. Le téléphone a bien fonctionné entre
Obama, Sarkozy et Goodluck.

Dès le 8 décembre, donc moins d’une
semaine après la dispute électorale, Soro
déclarait au Parisien : « J’espère pouvoir
compter sur la capacité de tous les
défenseurs de la démocratie, des Africains
comme de la communauté internationale,
pour imposer à Gbagbo de céder le
pouvoir comme hier les Etats-Unis l’ont
fait avec Charles Taylor au Liberia
. »
Soro a retrouvé sa hargne du début de la
rébellion, celle qui laissait deviner qu’il
s’appuyait sur de puissants appuis.

Cet appel fait froid dans le dos à plus d’un
titre. L’Ecomog – l’armée nigériane sous
couvert de la CEDEAO – avait été envoyée
combattre Charles Taylor et c’est bien ce
dont on menace aussi Gbagbo. Mais cette
force et ses nombreuses exactions sont
de sinistre mémoire. Elle fut totalement
inefficace. Assez ironiquement, la rébellion
ivoirienne dont Soro est le leader
avait reçu le soutien du criminel de
guerre Charles Taylor. Ce sont finalement
des milices libériennes, appuyées par
les États-Unis et, régionalement par
Gbagbo, qui renversèrent Taylor. Quant
au Sierra Leone, l’Ecomog n’y a pas
évité l’intervention britannique. Si le
Nigeria intervenait en Côte d’Ivoire, ce
serait le signe d’un tournant stratégique
considérable.

Le consentement de l’Élysée
pour cette solution, serait un nouveau signe
de la proximité de vue entre le locataire
de l’Élysée et la diplomatie américaine.
Certains réseaux français verraient d’un
très mauvais oeil une intervention anglo-saxonne
lourde en Françafrique.

Du point de vue régional, le tandem
Foccart-Houphouët avait donné à la Côte
d’Ivoire un rôle de pivot de l’impérialisme
français dans l’aire ouest-africaine face
au géant nigérian. Cette rivalité avait
atteint son paroxysme avec la guerre du
Biafra et dans une moindre mesure la
guerre du Libéria.

Au moment de l’arrivée annoncée
d’un bâtiment militaire néerlandais à
la demande des autorités françaises
(RNW, 22 décembre), on lit dans un
télégramme de la diplomatie américaine
que les Néerlandais sont un allié très
important en Europe qui « envisage
d’accroître sa présence militaire en
Afrique
 », particulièrement, mais pas
seulement, en Côte d’Ivoire.

Mi-décembre, le premier ministre
kenyan suggérait de déloger Gbagbo par
la force. Deux semaines plus tard, l’UA
lui demande d’assumer ses propose et
« d’assurer le suivi de la situation en
Côte d’Ivoire et de renforcer les chances
de succès des efforts en cours
 » !

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 198 - Janvier 2011
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