Survie

Gaubert, soutien fidèle de Sassou

(mis en ligne le 1er juillet 2009) - Raphaël de Benito

La réélection de Sassou ne fait aucun doute sans que cela gêne le vice-président de la commission des droits de l’homme au Parlement européen, Patrick Gaubert.

ela ne fait aucun doute : Denis Sassou Nguesso sera bien son propre successeur à la tête du Congo-Brazzaville avec le rejet de la candidature du principal parti d’opposition un mois avant l’élection présidentielle prévue le 12 juillet. Avec, de plus, le soutien assuré de la France et de ses milieux d’affaires, c’est une « élection » tellement prévisible qu’on se demande si la décision de l’Union européenne de ne pas envoyer d’observateurs participe à ce sentiment. Une décision annoncée, le 21 juin, à Brazzaville par des parlementaires européens qui expliquaient, décus, en ces termes : « La Commission européenne nous a dit que cette élection n’était pas une priorité ». Parce que tout est joué d’avance ? Comme en 2002 où l’UE avait dépêché ses observateurs ? Non, pas du tout ! Les deux parlementaires européens semblent plutôt déplorer l’absence d’une caution européenne à l’élection de Sassou ?
Car l’annonce faite à Brazza ne manque pas de sel quand on connaît l’identité de son auteur . Il s’agit du vice-président de la commission des Droits de l’Homme au Parlement européen, Patrick Gaubert, également président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). Député européen UMP, il cautionnait, en 2003, en ces termes la réélection frauduleuse d’Eyadéma comme président du Togo : « Il y a un processus démocratique qui, à notre niveau, se passe de manière convenable. Ce que nous voyons n’a rien d’affligeant ni de suspect. »
En 2004, on retrouve déjà Patrick Gaubert au Congo-Brazzaville, soutenant la dictature sanglante de Sassou Nguesso dans ses efforts pour faire juger, au Congo et non en France, l’affaire des disparus du Beach [1]. Gaubert préférait s’en remettre aux assassins pour faire justice aux victimes, tandis qu’un juge français, qui instruisait à Meaux sur plainte de familles de disparus, était grossièrement désavoué par la justice française. En mars 2005, la Fédération internationale des Droits de l’homme (FIDH) condamnait d’ailleurs publiquement les pressions exercées par Gaubert sur les familles des victimes pour qu’elles abandonnent les poursuites, intentées en France, contre plusieurs responsables du régime de Sassou Nguesso. Gaubert, membre du cabinet de Charles Pasqua entre 1993 et 1995, était aussi accompagné, le 21 juin dernier à Brazza, par Jacques Toubon, ancien ministre de la Justice, de la Francophonie et président du Club 89, un satellite du RPR/UMP et nid de françafricains notoires, aussi célèbres que le foccartien Maurice Robert, Michel Aurillac ou Robert Bourgi, qui à toujours l’oreille de Sarkozy. La Lettre du Continent (n°557) précisant, tout en sous-entendus, qu’« Omar Bongo était fan du Club 89 installé dans de luxueux locaux, avenue Montaigne ».
Toubon, qui se languissait des palais présidentiels africains, a été remis en selle par Sarko qui lui a confié la préparation de l’initiative « 2010 - Année de l’Afrique ». Une façon pour Sarko de laver plus blanc que blanc en tentant de camoufler, par une communication tapageuse, la permanence de la Françafrique. Ainsi, la mission de Toubon a trois objectifs : « L’achèvement de la réforme des instruments de notre relation sur le plan économique et politique, la contribution de l’Afrique à la libération de la France et la marche des indépendances, la valorisation de la dimension humaine de cette histoire commune (…) à travers le rôle des Français d’origine africaine dans la République ». Un écran de fumée qui ne masquera pas le fait que les réseaux françafricains à l’Élysée portent de plus en plus la marque Sarko, passé maître dans l’art de faire du neuf avec du vieux. La Françafrique est morte, vive la Françafrique !
Elle a rendez-vous, cet été, au Congo- Brazzaville, en Mauritanie (lire page 8) mais aussi au Niger (lire page 10).

Raphaël De Benito

[1En mai 1999, entre 350 et 400 réfugiés de retour au Congo-Brazzaville, sous la protection du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) qui avait délimité un couloir humanitaire censé les protéger, disparaissaient après avoir été enlevés par des forces de l’ordre congolaises.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 182 - Juillet 2009
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