Survie

Histoires de dames

(mis en ligne le 13 décembre 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

« Erreur de casting » : telle est la une du
Figaro du 24 novembre, à propos d’Eva
Joly. Et l’ensemble de la presse de faire
chorus : Libération « Le calvaire des
verts
 ». Le Parisien : « Á quel jeu joue
Eva Joly ?
 ».

Pourquoi cet hallali mené au
son des aboiements de la presse et même
de ceux des leaders vedettes d’Europe
Écologie Les Verts, qui apparemment ont
seuls le droit de dire tout haut ce qu’ils
pensent. Ainsi Daniel Cohn-Bendit : « Eva
Joly fait les mauvais choix politiques
 ».

Que reproche-t-on à Eva Joly ? De refuser
de se rallier au PS avant même le premier
tour de l’élection présidentielle en disant
quelle position elle prendrait pour le
deuxième tour. Avec le solide bon sens
qui l’habite elle a dit aux journalistes de
demander d’abord à François Hollande s’il
voterait pour elle au second tour.

On avait déjà déployé la grosse artillerie
pour empêcher que Eva Joly ne soit la
candidate de EELV. Contre l’attente des
médias et des apparatchiks, les militants
l’ont plébiscitée. La même tactique se
répète pour la campagne présidentielle,
là encore le même résultat pourrait bien
surprendre les prévisions.

Eva Joly est tout ce que la société du
spectacle ne supporte pas et le terme de
« casting », employé par Le Figaro est à ce
titre révélateur. Le délire extatique dont la
presse a entouré la disparition de Danielle
Mitterrand, la semaine même où elle
lynchait Eva Joly, est lui aussi révélateur.

C’est que Danielle Mitterrand était une
icône de la société du spectacle dans le rôle
de Sainte en trompe-l’œil, qu’elle jouait à la
perfection. Là pas d’erreur de casting. Elle
savait, par son conformisme sans faille aux
causes médiatiques, donner l’image d’un
non-conformisme de bon aloi. François
Lotteau, maire de Rully en Bourgogne, fut
un des seuls à rendre hommage à Eva Joly
en la saluant en ces termes : « Vous êtes
une erreur de casting. Vous ne jouez pas le
jeu en effet. Ça tombe bien ; le jeu politique
n’amuse plus les électeurs
 ».

Á l’heure où la politique spectacle est en
train de nous entraîner à l’abîme, à force
de mensonges pilonnés en tant que vérités,
on ne rappellera jamais assez l’axiome de
Guy Debord, dans Commentaires sur la
société du spectacle : « La possession d’un
« statut médiatique » a pris une importance
infiniment plus grande que la valeur de ce
qu’on a été capable de faire réellement.
 »

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 208 - décembre 2011
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