Survie

Le Maroc en route pour la démocratie ?

(mis en ligne le 13 décembre 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Dans la lignée des soulèvements populaires
au Maghreb pour protester contre les
atteintes constantes à leur dignité, la
corruption instituée et la dictature, les jeunes
du Mouvement du 20 février fédèrent des
dizaines de milliers de manifestants issus de
toutes les couches sociales du pays : jeunes
sans emploi, diplômés chômeurs, jeunes
avocats, journalistes, habitants des quartiers
déshérités, diplômés des écoles de cadres,
médecins ou enseignants....

Les violentes répressions des forces de
l’ordre, les arrestations abusives et leur
cortège de tortures demeurant sans effet,
Mohamed VI doit lâcher du lest devant
l’ampleur du mouvement. Le monarque
décide donc d’une « grande consultation »
de tous les partis y compris des « jeunes du
20 février
 » afin d’élaborer une constitution
démocratique avec séparation des pouvoirs,
respect des Droits de l’homme et réforme
de la justice qu’il soumet à référendum
le 1er juillet.

Pourtant, le texte final ne fait
que renforcer les pouvoirs du roi. Il n’est
pas en mesure d’assurer la libération des
prisonniers politiques, de lutter contre la
corruption, contre l’impunité ou d’envisager
de réduire les écarts de « fortunes »
scandaleux entre immensément riches et
dramatiquement pauvres.

Selon les sources
gouvernementales 98,5 % de la population
s’est prononcée favorablement à la nouvelle
constitution. Pourtant 36% des Marocains
ne sont pas inscrits sur les listes électorales
(sources UNICEF). Le scrutin a donné lieu
à la falsification sous toutes ses formes.
On retrouve ainsi sur les listes électorales
établies du temps de Driss Basri (ministre
de l’Intérieur et homme des basses-œuvres
d’Hassan 2) des morts qui peuvent voter.

Dans certains bureaux, on ne sert que les
bulletins du « oui ». Il est aussi relevé des
votes sans signatures, sans carte d’électeur
ni de carte d’identité, des électeurs chef
de famille votant pour toute la famille.

Pas étonnant donc que les législatives du
25 novembre dernier ont été boycottées par
le mouvement du 20 février, les militants des
Droits de l’homme et l’ensemble des partis
progressistes du pays dénonçant l’abscence
de démocratie tandis que les agressions,
arrestations et interrogatoires musclés se
sont multipliaient.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé 45%
de participation. Là encore de nombreux
doutes persistent quant à la régularité
des élections : nombre d’électeurs des
campagnes reculées et des quartiers
défavorisés auraient été « conseillés »,
« guidés », transportés et rémunérés pour
choisir le « bon » bulletin.

Soutenez l'action en justice contre Total !
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 208 - décembre 2011
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
a lire aussi