Survie

Le CIAN met la pression

rédigé le 7 novembre 2012 (mis en ligne le 3 janvier 2013) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Il n’y a pas que les ONG pour critiquer le voyage de François Hollande à
Kinshasa. Mais dans son communiqué du 18 octobre, Anthony Bouthelier,
président délégué du CIAN (Conseil des Investisseurs français en Afrique,
qui regroupe la plupart des chefs d’entreprises qui font des affaires sur
le continent), n’a pas critiqué le principe de ce déplacement, mais les
« discours dogmatiques » qui l’ont émaillé selon lui, avec cette « attitude
paternaliste où un Président français accueilli par un pays africain lui
prodigue des leçons de démocratie ».

Cette voix du patronat françafricain
préfère rappeler, la main sur le cœur, que « pour des millions et des millions
de personnes, le seul souci est de trouver à manger pour leur famille et eux-
mêmes
 ». Se demander si les membres du CIAN y sont pour quelque chose,
serait sans doute criminel à ses yeux...

La rengaine est connu : priorité à
une « approche technique », selon laquelle « les entreprises sont créatrices
de richesses, sans lesquelles il n’y a pas de développement
 ». Seule
condition, « l’Etat de droit », résumé selon lui à l’idée que « l’entrepreneur
veut être sûr qu’un engagement sera tenu, un contrat respecté et que
la défaillance sera sanctionnée...
 ». C’est le credo libéral de la « bonne
gouvernance », qui évacue la question de la légitimité démocratique et
du respect des droits humains : le mythe du « bon dictateur », mais sans
en oser le mot.

Quatre ans plus tôt, dans une interview au Monde (4 juin
2008), le même Bouthelier avait pourtant parlé de « présidents prédateurs
africains
 », de « potentats », de « kleptocrates africains », assurant même
que « la longévité de certains dirigeants n’est pas un facteur de stabilité
comme on le prétend. Elle fabrique de la fragilité économique et de
l’exaspération sociale
 » Aujourd’hui, c’est plutôt l’exaspération de ses
complices kleptocrates qu’il semble craindre.

Un message très clair pour
la « diplomatie économique » de Monsieur Fabius...

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 218 - novembre 2012
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