Survie

Bolloré contraint à mettre de l’huile ?

rédigé le 3 juillet 2013 (mis en ligne le 23 juillet 2013) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le 3 juin, le Point de contact national
(PCN) français de l’OCDE a rendu son
rapport suite à sa saisine fin 2010 par
quatre ONG camerounaises, allemandes
et française (Sherpa), qui dénonçaient
des manquements du groupe Bolloré
aux « principes directeurs » de l’OCDE
dans les plantations de palmiers à
huile de la société camerounaise
Socapalm, dont il est un actionnaire
certes minoritaire mais très influent.

Les « principes directeurs » sont
les règles non coercitives que cette
organisation internationale édicte
à destination des multinationales.
Bolloré n’a donc aucune sanction à
craindre, mais une mauvaise publicité
au cas où il n’arriverait pas à retourner
cette procédure à son avantage pour
essayer de faire croire que tout va pour
le mieux dans les plantations qu’il
contrôle.

De fait, le PCN conclut suite
à l’examen des éléments rapportés
par les ONG que « les activités de
la SOCAPALM ont contrevenu à
certains principes directeurs relevant
des chapitres sur les principes
généraux, l’emploi et les relations
professionnelles et l’environnement »
et que les holdings qui la contrôlent
et le groupe Bolloré « ne respectent
pas certaines recommandations de
l’OCDE en matière de publication
d’informations
 ».

Derrière ce langage diplomatique
suinte la confirmation d’une partie des
accusations des ONG... On imagine
les grincements de dents chez Bolloré, mais on est loin d’un procès. Car
l’étape suivante, c’est l’engagement
du groupe à mettre en œuvre un « plan
d’action
 » élaboré en lien avec les
ONG, et la recherche d’une autre ONG
agréée par les deux parties pour en
assurer le suivi. Ce qui veut dire, pour
les travailleurs et riverains victimes
de la Socapalm, prendre leur mal en
patience...

Des riverains de la Socapalm, justement,
se sont invités au siège du groupe le jour
de son assemblée générale, le 5 juin,
avec des représentants des riverains
d’autres plantations que Bolloré contrôle
partiellement en Sierra Leone, au Libéria
et en Côte d’Ivoire.

Face à ces militants
de collectifs de quatre pays, coordonnés
avec le soutien de l’association ReAct
(Réseaux pour l’action collective trans­nationale)
pour agir simultanément dans
leur pays respectif, Vincent Bolloré a dû
venir lui-même réceptionner une lettre de
griefs rédigée en des termes bien moins
diplomatiques
.

Ce qui ne l’a pas empêché
de se montrer ironique en accueillant les
protestataires avec une phrase qui en dit
long : « C’est moi le méchant ? »

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 226 - juillet-août 2013
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