Survie

Les fausses barbes d’Olivier Bazin alias “colonel Mario”

rédigé le 3 juillet 2013 (mis en ligne le 2 septembre 2013) - David Mauger

Le procès du cercle de
jeux parisien Concorde
(Billets d’Afrique n°186)

apporte quelques éléments
nouveaux sur un personnage
habitué de ces colonnes : le
sulfureux Olivier Bazin.

Déjà épinglé par Billets d’Afrique
(n°186)
, il est en effet l’un
des accusés de cette affaire de
blanchiment présumé d’argent sale du grand
banditisme. A ses côtés, parmi les prévenus,
des barons du milieu corso-marseillais, le
banquier suisse François Rouge et... Paul
Barril.

En 2007, Rouge veut reprendre le
contrôle du cercle de jeux Concorde dans
lequel il vient d’investir beaucoup d’argent.
Il contacte Patrick Devedjian, qui avait
intercédé pour la réouverture du cercle de jeux
en 2005, puis fait appel aux services de Barril
pour menacer leurs rivaux dans la gestion
du cercle. Le supergendarme refile l’affaire
à son ami Bazin, qui y voit l’opportunité de
tirer profit des relations angolaises de Rouge.

« La reconquête de territoire prônée par
Olivier Bazin, qui prévoit la corruption de
juges et de policiers, l’exercice de pressions
et envisage même « des solutions radicales et
définitives
 », ne sera finalement jamais mise
en œuvre.
 » (Reuters, 27 mai). Pas plus que le
contrat pétrolier en Angola, que Bazin espérait
comme contrepartie. Tout au plus Rouge lui
a-t-il obtenu une entrevue avec le ministre du
pétrole angolais.

Le petit jeu de dupes entre
Bazin et Rouge s’est arrêté fin 2007 avec une
vague d’arrestations à laquelle Rouge avait
d’abord échappé, alerté par « l’Arménien »,
avant de tomber, lors d’un traquenard tendu
par Bazin. Concernant Barril et Bazin, à
l’issue du procès, les procureurs ont requis
la relaxe pour association de malfaiteurs et
seulement dix mois de prison avec sursis et
5 000 euros d’amende. Contre « le financier
volontairement occulte
 » François Rouge,
quatre ans de prison dont un an avec sursis
ont été requis.

Des barbouzeries en stock

En guise de présentation, à l’audience,
Olivier Bazin se dit être dans le BTP. Mais devant les
juges, il reconnait aussi « avoir été un
agent de renseignement non officiel
au Darfour pour le compte du Quai
d’Orsay, avoir aussi tenu un casino - « 30 m2 pas plus »- à N’Djamena
ou avoir négocié, en 2002 à Paris,
des lingots d’or pour le compte d’Ali
Bongo, fils d’Omar Bongo, alors
président du Gabon
 » (La Provence,
06 juin). Nous voilà rassurés, Bazin
est à la hauteur de sa réputation
barbouzarde.

Dulas, Bazin un tandem sulfureux

En revanche, pas un mot de son
tandem avec Robert Dulas, inlassable
émissaire françafricain dans la bande
sahélo-saharienne (Billets d’Afrique
n°221). Ces deux personnages se sont
déjà croisés en Côte d’Ivoire, sous la
junte du général Robert Guéï en 1999.
Ils en repartent tout deux en 2001,
alors que le régime Gbagbo connait ses
premières tentatives de déstabilisation.
Plus tard, et peu de temps avant le
coup de filet dans l’affaire du cercle
Concorde, on retrouve Bazin et Dulas
dans une curieuse affaire de coup
d’état sur fond de vente d’armes au
Cameroun (Billets d’Afrique n°186).

C’est aussi dans cette même période
que la presse algérienne évoque
le rôle de Robert Dulas et d’une
« organisation française Mario » dans
des libérations de militaires maliens,
otages de l’Alliance Touareg Nord-Mali pour le Changement (ATNMC)
d’Ibrahim Ag Bahanga.

Difficile de ne pas faire le
rapprochement avec le Colonel Mario,
surnom que se donne volontiers Olivier
Bazin.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 226 - juillet-août 2013
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