Survie

Du Valls dans un bas de soie

rédigé le 1er octobre 2013 (mis en ligne le 7 octobre 2013) - Odile Tobner

Selon notre gouvernement, la France de 2025 n’a rien à craindre de
son parc de cinquante-huit réacteurs nucléaires, parc vieillissant
dont le plus ancien est situé sur une faille sismique ; du chômage
massif et de la paupérisation croissante de sa société ; de la faillite de
l’ensemble de ses services publics ; de l’explosion des dépenses
budgétaires nées des guerres sans fin menées par ses armées. Non, la
France de 2025 n’est menacée que par deux choses : l’Islam et «  la
démographie très importante
 » de l’Afrique, dixit notre ministre de
l’intérieur - il faut sans doute comprendre « croissance démographique » -, sans que ces propos aient suscité la moindre opposition de ses
collègues roses ou verts [1].

Notre ministre national et socialiste ne fait là que resservir, sous une
forme qui se voudrait celle du constat objectif, les propos ouvertement
racialistes qui firent sa gloire et selon lesquels les marchés de sa ville
d’Évry manquaient de « White, de blancs, de blancos » - la vulgarité de la
pensée tentant de se dissimuler sous l’emploi de l’anglais n’est pas sans
rappeler Finkielkraut, dont le fameux « black black black » a donné une
forme impérissable à l’obsession négrophobe. La nécessité évoquée de
revoir la politique migratoire n’est qu’un prétexte pour entretenir dans la
psyché collective l’image d’un déferlement de masses africaines. Le
procédé n’est pas nouveau : il s’agit de protéger les classes dirigeantes
de la colère populaire en la détournant vers les habituels boucs
émissaires. La restriction annoncée des conditions du regroupement
familial exprime également la volonté de préserver l’ethnie blanche,
quitte à violer un droit fondamental.

En réalité, l’Afrique, avec 33 habitants au km2, est un continent
dépeuplé par la traite et les massacres coloniaux, et son rythme actuel
de croissance démographique n’est qu’un rattrapage de l’Europe, 60
habitants au km2, et de l’Asie, 96 habitants au km2. Ce dépeuplement a
fait d’elle la proie d’une Europe à la recherche de nouvelles ressources
pour nourrir un développement exponentiel. La mise en coupe réglée de
l’Afrique au bénéfice de l’Occident se poursuit aujourd’hui. La
perpétuation du mode de vie occidental serait impossible sans
l’exploitation des richesses africaines. Les ressources abondantes de ce
continent sous-peuplé suffiraient à assurer un niveau de vie suffisant à
ses enfants, si elles n’étaient pas exploitées au bénéfice presque exclusif
des firmes occidentales. C’est ce pillage qui est mis en danger par
l’explosion démographique africaine, et rien d’autre.

On s’étonne quand même de la négrophobie gouvernementale, à un
moment où l’État français renforce les liens militaires et économiques
qui constituent la Françafrique – occupation militaire du Mali, installation
de Ouattara à la tête de la Côte-d’Ivoire, renforcement de Déby au Tchad,
caution des élections truquées au Cameroun, au Togo, au Gabon, etc. Si
l’évolution démographique de l’Afrique inquiétait vraiment Manuel White,
il devrait militer en faveur d’une véritable souveraineté des peuples
d’Afrique francophone, seule à même de leur permettre de jouir de leurs
propres richesses. En réalité, M. White ne fait que répandre l’idéologie de
ceux qui favorisent sa carrière. On sait en effet que la « gestion
démographique de la planète
 » est une obsession dans certains milieux
dirigeants que White se flatte de fréquenter.

Tant il est vrai qu’aucun fanatisme ne menace davantage la sécurité
des peuples que celui de l’arrivisme.

[1Contrairement aux propos de Valls sur les roms auxquels la Ministre Cécile Duflot a réagi

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 228 - octobre 2013
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