Survie

Cameroun : Macron au pays des faux-semblants

(mis en ligne le 4 novembre 2022) - Thomas Borrel

Lors de sa nouvelle "tournée africaine", le président français a tenté d’escamoter le scandale de sa visite à Paul Biya derrière des annonces mémorielles et un dialogue factice avec la société civile. Sans vraiment désamorcer le rejet de sa politique africaine.

"Sape(r) en quelque sorte les sous-jacents » du sentiment de défiance en Afrique vis à vis de la France, voilà ce que pense faire Emmanuel Macron. Il l’a expliqué en ces termes à la traditionnelle Conférence des ambassadrices et ambassadeurs, le 1er septembre 2022, en précisant devant les diplomates : « C’est parce qu’on aura une vraie politique partenariale qui passe par la culture, le sport et qui valorise la diaspora, qu’on enlèvera, si je puis dire, les sous-jacents du narratif russe, chinois ou turc, qui viendraient leur expliquer que la France est un pays qui fait de la néo colonisation et qui installe son armée sur leur sol. » À l’écouter, le rejet populaire de la politique française en Afrique ne serait que le résultat de la propagande des adversaires impériaux de la France. Il est vrai que ceux ci ne se privent pas pour souffler sur les braises, mais ils n’ont pour ainsi dire qu’à se baisser pour ramasser des arguments, tant l’actualité franco-africaine leur en fournit – y compris dans la première "tournée africaine" du président français depuis sa réélection.

Les diplomates avaient conscience que la première étape, au Cameroun, pays dirigé par le quasi nonagénaire Paul Biya, était politiquement sensible : s’afficher auprès du plus vieux despote d’Afrique n’est pas un gage de renouveau, surtout lorsque celui ci s’apprête à célébrer en novembre le quarantième anniversaire de son arrivée à la tête de l’État et que son armée mène depuis cinq ans une guerre contre sa population anglophone. Un tel déplacement risquant d’alimenter le rejet populaire de la politique française en Afrique, il fallait un enrobage pour tenter de lui donner une apparence de légitimité.

« Plan de reconquête »

En mai 2021, le président français avait fait part de son optimisme : « Nous allons déboucher sur une forme de programme, stratégie, un plan de reconquête ! », avait-il annoncé depuis l’Afrique du Sud, en présence de l’historien camerounais Achille Mbembe, au sujet du sommet Afrique France de Montpellier prévu quelques mois plus tard. Le 8 octobre, la presse française saluait majoritairement un exercice « nouveau », « inédit », où le président français répondait, dans un de ces stand up dont il a le secret, à des interpellations (parfois théâtrales) qu’une poignée de "représentant.es" de la société civile de pays d’Afrique francophone avaient préparées quatre jours durant lors d’un séminaire de travail chaperonné par l’Élysée[1] et Achille Mbembe. Dans la salle, environ deux mille membres des diasporas africaines en France, flattés que la République semble pour une fois un peu s’intéresser à eux, côtoyaient un millier de jeunes militant.es et d’entrepreneuses ou entrepreneurs sélectionnés par les ambassades françaises en Afrique. Dans le lot, environ quatre vingt jeunes avaient fait le déplacement depuis le Cameroun, pays d’origine de Mbembe.

« L’un des objectifs du Nouveau sommet était d’obtenir de la France un positionnement clair sur des questions cruciales et sur un certain nombre de défis d’avenir. Nous voulions qu’elle se situe sans ambiguïté du côté de la démocratie », se réjouissait l’historien philosophe dans les colonnes de Jeune Afrique le 31 octobre 2021 en se félicitant de la création d’une Fondation de soutien à l’innovation et à la démocratie [2]. Et d’ajouter : « Pendant très longtemps, la France a soutenu des régimes dictatoriaux chez nous. Ils ont fini par détruire les moyens d’existence de millions de personnes. Elle doit maintenant apporter sa modeste contribution à la déconstruction de la tyrannie sur notre continent. » Mbembe, qui a régulièrement dénoncé le règne de Paul Biya, a forcément celui ci dans le radar, parmi les régimes auxquels il fait alors référence.

La suite du sommet de Montpellier

Le 10 janvier 2022, l’Institut français du Cameroun accueille la « Séquence de Yaoundé », journée de brainstorming organisée par l’ambassade de France pour réfléchir aux suites à donner au sommet, avec la délégation invitée à Montpellier. Emerge un « Conseil » de la société civile, cornaqué par l’Institut français du Cameroun et le Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) de l’ambassade, qui en fait le jour même la présentation à la presse via une plaquette : « La première mission dudit Conseil serait la mise en place d’un véritable incubateur local des sociétés civiles et de la diaspora pour susciter, structurer et accompagner l’émergence de projets locaux et bilatéraux transformateurs », tout en revendiquant de « poursuivre la dynamique engagée » pour renouveler le « partenariat » franco camerounais « en y associant pleinement la jeunesse, les femmes et la société civile camerounaise » (lebled-parle.com, 11/01). Celui ci devient en avril le Conseil pour le suivi des recommandations du nouveau sommet Afrique France (CSRN), comptant « 12 membres, tous acteurs des sociétés civiles camerounaise et française » selon son président, le jeune avocat d’affaires camerounais Jacques Jonathan Nyemb, qui a fait ses études en France, au Royaume Uni et aux USA (La Tribune Afrique, 12 août 2022).

Mais en avril également, Moscou et Yaoundé signent un accord de coopération militaire visant selon Jeune Afrique (21/04) à développer « des échanges d’informations, la formation et l’entraînement des troupes, un partage d’expérience et des activités communes de lutte contre le terrorisme ou la piraterie maritime ». Sept ans après un premier accord portant sur la fourniture d’équipements militaires et d’armes au Cameroun pour lutter contre Boko Haram, cette signature fait bondir les diplomates occidentaux, qui tentent d’isoler la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, et inquiète à Paris : Christophe Bigot, directeur Afrique du Quai d’Orsay, se rend personnellement à Yaoundé et une visite d’Emmanuel Macron est un temps envisagée, croit savoir la très informée lettre Africa Intelligence (12/05). Pourtant, ce média spécialisé constate que la menace pour la suprématie française est sans doute surévaluée : « Ces cinq dernières années, la diplomatie russe a ainsi officialisé plus d’une dizaine d’accords (RDC, Madagascar, Mali, etc.) du même type, sans que cela entraîne une intensification systématique de la présence russe sur le terrain. »

Le 21 juin, c’est au tour de Marie Audouard, conseillère Afrique adjointe d’Emmanuel Macron depuis 2017, de se rendre à Yaoundé, où elle participe notamment à une réunion du CSRN. L’information n’a pas encore circulé publiquement, mais Emmanuel Macron va venir à Yaoundé un mois plus tard. Le CSRN va être l’instance idéale pour habiller ce déplacement d’une "disruption" en termes de consultation d’une "société civile" composite : celle-ci rassemble, dans l’approche macronienne, à la fois des hommes et femmes d’affaires et des personnalités d’ONG (certain.es militant.es, désabusé.es après des années de combat pro-démocratie au Cameroun, se laissant tenter par l’idée d’essayer de faire bouger les lignes par ce biais).

Deux semaines avant le déplacement, l’Élysée et les services de l’ambassade de France multiplient les efforts pour bâtir une délégation de la « société civile française » susceptible d’embarquer à bord de l’avion présidentiel. La France se paie en effet le luxe de faire organiser au Cameroun un « débat », dans le club créé par l’ancien tennisman Yannick Noah, entre des représentants désignés des sociétés civiles des deux pays, invités à faire part au président français de leurs recommandations. Comme aucune ne concerne les fondamentaux de la Françafrique (interventions armées, bases, coopération militaire, franc CFA, appui politique et financier aux tyrans...), Emmanuel Macron n’a aucun mal à répondre. Il cultive une nouvelle fois son image de président du débat « sans tabou ».

NE DITES PAS « PROPAGANDE »

Souhaitant redorer l’image de la politique française en Afrique, Emmanuel Macron a rappelé, le 1er septembre à la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs, les efforts entrepris en termes de communication et de relations publiques : « C’est pourquoi nous avons créé ces dernières années un poste d’ambassadeur dédié spécifiquement à cette question, qui est absolument fondamentale et qui, à mes yeux, est, comme je viens de l’évoquer, clé. Celle ci, permet justement de travailler sur la diplomatie publique en Afrique, d’installer notre narratif et de donner nos arguments. »

Mais comme ce narratif et ces arguments lui semblent encore insuffisamment repris par la presse française, qui ne brille pourtant que rarement par son analyse sur les questions françafricaines, le chef de l’État a carrément appelé ouvertement à « beaucoup mieux utiliser le réseau France Médias Monde, qui est absolument clé et qui doit être une force ». Et le président, d’ajouter, tout en nuances : « [Il] y a parfois un décalage conceptuel entre l’idée que nous nous faisons dans nos frontières de l’indépendance, ce qui est tout à fait légitime de la part des journalistes et des rédactions et la réalité à laquelle ces mêmes rédactions sont confrontées sur le terrain quand il y a des propagandes anti françaises réelles. Nous avons besoin d’avoir des instruments de communication qui disent quand la France est attaquée à tort, qui disent ce que fait la France et qui re laient notre action [.] »

Mais qu’on ne vienne surtout pas l’accuser de dicter un récit aux journalistes : « Il ne s’agit pas de faire de la propagande, il s’agit, pour les uns de défendre de l’information libre dans un cadre construit j’y reviendrai pour l’action plus large [1] et pour les autres, de défendre partout des raisons encore plus fortes [.] » C’est le génie macronien : appeler les rédactions à mieux défendre l’action gouvernementale "et en même temps" promouvoir l’information libre.

[1] Dans le même discours, le président français a annoncé l’organisation à venir cet automne des "états généraux pour une information libre"

Une guerre peut en cacher d’autres

Emmanuel Macron sait qu’il ne pourra pas esquiver l’écrasement du mouvement indépendantiste camerounais, dans lequel la France a engagé des troupes à partir de 1955 et bien au delà de l’indépendance officielle du pays, jusqu’à l’exécution en place publique du dernier leader de cette lutte armée, Ernest Ouandié, en janvier 1971. Comme le signale une tribune collective d’auteurs et autrices d’ouvrages relatifs à ce pan occulté de l’histoire, « un des derniers grands tabous français de l’après guerre », cette ancienne colonie allemande sous tutelle française servit de « premier laboratoire » de la Françafrique (Le Monde Afrique, 24/07) et la France se devrait de « reconnaître la guerre du Cameroun, ses ravages humains et ses conséquences politiques au long cours ». Bien au delà, donc, de la déclaration confuse de François Hollande, qui avait seulement évoqué en 2015 « des épisodes extrêmement tourmentés, tragiques même ».

Le sujet étant devenu incontournable, l’Élysée saute finalement sur l’opportunité pour tenter d’occulter tout ce qu’il y a de choquant à ce qu’un président français rende visite à Paul Biya. Emmanuel Macron annonce ainsi le lancement prochain d’« un travail conjoint d’historiens camerounais et français » et l’ouverture de la « totalité » des archives françaises... « à ce groupe d’historiens ». À la différence de la commission Duclert sur le rôle de la France vis à vis du génocide des Tutsis, qui n’intégrait aucun chercheur rwandais (cf. Billets n°285, mars avril 2019), cette commission comprendra des historiens vraisemblablement proposés par Yaoundé... alors même que la dictature camerounaise, fille de cette guerre perdue par les indépendantistes, cherche à éviter un grand déballage.

Difficile donc de prédire si cette future commission, par laquelle Emmanuel Macron cherche une nouvelle fois à graver dans le marbre une version officielle de l’histoire, permettra de faire progresser les connaissances sur cette guerre, déjà très solides (cf. Billets n°262, novembre 2016). S’il est notable qu’un président français a pour la première fois utilisé le mot « guerre », cette annonce – qui aurait pu être faite ailleurs qu’au Cameroun – reste bien en-deça de la reconnaissance exigée et ne garantit nullement l’ouverture inconditionnelle des archives, ni leur exploitation rigoureuse.

En revanche, le traitement médiatique de cette promesse a largement contribué à occulter une nouvelle fois la guerre en cours dans les deux régions anglophones du pays, le Nord Ouest et Sud Ouest (NOSO), où l’armée dite « régulière » a déjà brûlé plusieurs dizaines de villages. Les groupes rebelles, qui revendiquent depuis octobre 2017 l’indépendance après avoir assisté à la répression féroce des contestations pacifiques les mois précédents (cf. Billets n°272, novembre 2017), commettent aussi leur lot de crimes. Mais c’est bien la réponse belliqueuse du régime Biya qui est responsable de plusieurs milliers de morts et qui a finalement provoqué le déplacement interne d’un demi million de personnes et l’exil au Nigeria d’environ 80 000 autres [3]. Le pouvoir français n’a que faire de ces considérations humanitaires. Venu avec Emmanuel Macron, le nouveau ministre des Armées Sébastien Lecornu en a profité pour se rendre avec son homologue camerounais à l’École supérieure internationale de guerre de Yaoundé, où il a même annoncé « le renforcement de la coopération militaire, mettant la formation au cœur de la relation bilatérale », comme s’en est vantée sur Twitter la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense du Quai d’Orsay.

Les enjeux économiques de la visite sont aussi passés relativement inaperçus. Les Brasseries du Cameroun, filiale du groupe français Castel, viennent par exemple de racheter leur plus gros concurrent, Guinness Cameroon SA (jusqu’ici filiale du britannique Diageo). Castel contrôlait déjà 75 % du marché national de la bière en 2021 : ce rachat à près de 460 millions d’euros, accusé de créer une situation de monopole, doit encore être validé par les autorités camerounaises (Jeune Afrique, 26/08). Cette petite incertitude sur ce deal serait une des raisons ayant amené J Y Le Drian à conseiller ce voyage au président français, selon Jeune Afrique (20/07) : l’ex-ministre des Affaires étrangères a eu à travailler avec Emmanuel de Tailly, qui était alors président des Conseillers du commerce extérieur de la France au Cameroun, et qui y a dirigé la filiale de Castel jusqu’au 30 juin.

Fausses notes

Paul Biya n’ayant désigné aucun « dauphin », la question de sa succession préoccupe la diplomatie française, soucieuse que le prochain chef d’État camerounais préserve bien les intérêts français. Les luttes intestines rongent le palais depuis des années mais de viennent obsédantes au vu de la santé fragile du vieux dictateur, même plus capable de mener correctement une conférence de presse – il a fallu que son homologue français lui répète les questions des journalistes. Les Camerounais s’inquiètent de plus en plus d’une éventuelle succession dynastique, au regard du rôle croissant occupé par le fils du président, Franck Biya. Celui ci, qui n’avait jamais participé à la vie politique du pays, occupe depuis quelques mois une fonction de conseiller auprès de son père. Emmanuel Macron l’a ainsi salué lors de sa visite au palais : un cliché qui a enflammé les réseaux sociaux.

Surtout, bien qu’ils aient laissé entendre qu’Emmanuel Macron plaiderait la cause des prisonniers politiques, ses conseillers avaient oublié la véritable nature du régime camerounais : une dictature, certes, mais enveloppée de faux semblants. Ainsi, la veille de l’arrivée du président, une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montrait la destruction brutale d’une centaine de commerces au bord de la route qu’allait emprunter l’hôte français [4]. Au prétexte de sécuriser le parcours d’Emmanuel Macron, et pour l’embellir, les autorités détruisaient le moyen de subsistance d’une partie de la population : symbole ravageur. Les images de foule en liesse accueillant le président français au sortir de l’aéroport, situé bien à l’extérieur de la capitale, n’ont pas arrangé les choses : des feuilles d’émargement indiquant les sommes d’argent versées aux militant.es du régime pour jouer les figurant.es ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, révélant la supercherie. De quoi « saper les sous-jacents » du narratif de l’Élysée.

[1] Brief presse de l’Elysée sur le nouveau sommet Afrique France, 1er octobre 2021.

[2] Cette fondation, qui selon Jeune Afrique (20/07) devrait être dirigée par Achille Mbembe, est notamment destinée à soutenir des dynamiques dans la société civile de plusieurs pays d’Afrique... comme le faisaient déjà les ambassades de France et l’Agence française de développement.

[3] Chiffres du Haut commissariat aux réfugiés au moment de la visite d’Emmanuel Macron.

[4] « Quand Macron passe, les casses suivent », 25 juillet 2022, NAJA TV, https://youtu.be/pW0l7eTJtP4.

TOURNÉE DE COM’

Si le Bénin n’est pas le Cameroun en matière de totalitarisme et de répression, son président businessman Patrice Talon a néanmoins engagé son pays sur la voie d’un verrouillage de plus en plus violent de la vie politique. Pour faire bonne figure, Talon a fait libérer 30 opposants le jour de la visite de Macron, lequel n’était pourtant pas venu plaider la libération des prisonniers politiques. La visite conjointe de l’exposition consacrée aux 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey restituées par Paris en novembre dernier n’est pas non plus un enjeu majeur, à part en termes de com’. Si une loi sur d’autres restitutions est attendue en France, « on ne s’attend pas à ce que cela donne lieu à des restitutions massives. (...) L’Afrique ne souhaite pas vider les salles du Musée du quai Branly », comme l’a cyniquement expliqué Franck Paris, le « monsieur Afrique » du président français (www.emilemagazine.fr, 13/07). Dans le cadre de la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel et en Afrique de l’Ouest, le Bénin fait surtout partie des pays avec lesquels la France souhaite accroître sa coopération militaire dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». La France semble notamment lorgner sur l’initiative d’Accra, cadre de coopération militaire et d’opération conjointe antiterroriste, initiée en 2017 par le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana et le Togo.

Visite sécuritaire

Pas de coopération sécuritaire sans promotion du matériel militaire français. Le Bénin souhaite faire l’acquisition de drones, d’hélicoptères, de blindés et de matériel de surveillance pour lutter contre les tentatives d’implantation de groupes djihadistes. « Nos hommes ont besoin d’être bien formés ; on a besoin d’armement, d’équipement, de matériel militaire. Nous attendons un effort de votre part. (...) Nous avons les moyens financiers, mais aujourd’hui, avec les tensions qu’il y a dans le monde, acquérir ces équipements est problématique », a expliqué le président béninois en conférence de presse. « Pickups, déminages, gilets pare balles, casques de vision nocturne seront livrés incessamment », a promis Macron, et « pour les drones, nous allons avancer pour répondre à votre demande » (rfi.fr, 27/07). Macron aurait également proposé à son homologue les services de ses militaires pour l’aider à se doter d’une Direction générale de l’armement (DGA), à l’image de la structure française (JeuneAfrique.com, 28/07). Enfin nul doute qu’il y a une réelle convergence de vue libérale entre les deux présidents sur les questions économiques et sociales. Invité à l’université d’été du Medef fin août, le président Talon s’est par exemple vanté d’avoir « totalement dérégulé le monde du travail », expliquant qu’ « au Bénin, on peut employer quelqu’un avec des contrats à durée déterminée indéfiniment » et rappelant sous les applaudissements des patrons français, les très sévères restrictions apportées au droit de grève (AFP, 31/08).

Flagornerie à Bissau

Pour la com’, l’Élysée cherchait à ce que cette tournée africaine d’Emmanuel Macron inclue une troisième étape, « probablement le Ghana ou la Guinée Bissau, afin d’y inclure également un pays non francophone » (Jeune Afrique, 13/07), pour sortir du "pré carré". Bingo : une rencontre est organisée avec Umaro Sissoco Embaló, président de la Guinée Bissau, petit pays lusophone à la vie politico-militaire tourmentée. Sa qualité de président en exercice de la Cedeao (organisation inter étatique ouest africaine) était indéniablement un argument pour cette étape, alors que des négociations sont en cours avec le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry sur la durée des transitions militaires et les modalités d’un hypothétique retour à des régimes civils. Les communicants élyséens n’ont d’ailleurs pas trop su quoi mettre en avant au sujet de cette étape éclair, dans la courte vidéo de propagande « Trois jours en Afrique aux côtés de sa jeunesse » pu bliée fin juillet sur les réseaux sociaux : on entend donc juste Emmanuel Macron se dire « extrêmement honoré d’être le premier président de la République française à être reçu [à] Bissau »... où il s’est visiblement invité par souci d’affichage.

Raphaël Granvaud

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