Après la Françafrique qui n’aurait jamais
existé selon Pierre Péan, celle qui serait
terminée selon Sarkozy, Hollande ou
Canfin, la Chinafrique où la Chine ferait
désormais la pluie et le beau temps sur le
continent, voici l’AfricaFrance selon
Antoine Glaser.
L’ancien rédacteur en chef
de la Lettre du Continent avait déjà pu
développer sa fumeuse thèse de la
colonisation inversée dans le film La
Françafrique de Patrick Benquet, dont il
était le conseiller historique.
On pourrait
croire que les guerres de la France en Côte
d’Ivoire, au Mali ou en Centrafrique, fruits
du lobbying des militaires français auprès
de l’exécutif, auraient à elles seules enterré
le concept. Mais Antoine Glaser est tenace
et publie un nouveau livre Africa France :
quand les dirigeants africains deviennent
les maîtres du jeu.
Selon son éditeur « ce
livre raconte comment l’Afrique a pris la
main à Paris ». A l’appui, Glaser tente de
montrer que ce sont désormais les
dirigeants africains, dotés de solides
réseaux d’influence qui sont à la
manœuvre. Pourtant, le même Glaser
déclarait récemment « dans les faits, il n’y
a pas de nouvelle politique » : « la
politique africaine de la France, c’est
toujours celle des militaires français ».
En
résumé, le franc CFA, les monopoles des
entreprises françaises dans certains
secteurs, les interventions militaires
unilatérales, les envolées du rapport
Védrine en faveur d’une conquête
agressive des marchés africains, ce serait
les militaires français (jusqu’ici ça se tient)
... eux-mêmes manipulés par les dirigeants
africains.
Ces derniers pourraient quand
même passer par des détours moins
tortueux pour s’auto-dominer ou Glaser
s’épargner cette gymnastique pour
détourner l’attention de l’impérialisme
français en Afrique.