Survie

AFRICA UNITE !

rédigé le 3 janvier 2015 (mis en ligne le 4 mars 2015) - Odile Tobner

C’est avec plaisir que nous saluons avec AFRICA UNITE ! de l’historien originaire du Bénin Amzat BoukariYabara, une histoire africaine du panafricanisme. Nous ne voulons pas dire par là qu’il faut être africain pour parler de l’Afrique, comme on a reproché à tort aux opposants au spectacle « Exhibit B » de le prétendre, ils protestaient seulement contre un regard « blanc », qui peut d’ailleurs être porté par des noirs, sur l’histoire africaine. C’est une question de point de vue. Le panafricanisme est un sujet régulièrement présenté de manière péjorative, dépréciative, caricaturale. Cette étude est donc une réelle nouveauté, et pour beaucoup ce sera une découverte.

Si le panafricanisme n’est pas une idéologie des seules populations noires, un pannégrisme, puisqu’il a été revendiqué par des leaders comme Nasser et Kadhafi, il est cependant né de l’aspiration des afro-américains noirs à une patrie, eux qui étaient persécutés, séparés de la société où ils vivaient, en raison de leur couleur. La traite transatlantique, en mêlant les noirs de diverses origines dans la même servitude, a créé chez les esclaves le sentiment et la nécessité d’une communauté panafricaine. A partir de là Amzat Boukari-Yabara retrace l’histoire de cette idée à travers la diversité des leaders d’exception qui l’ont portée de la fin du XVIIIème siècle à nos jours.

Des intellectuels et militants aussi différents que W.E.B. Du Bois et Marcus Garvey, Martin L King et Malcolm X sont intimement liés dans le même mouvement d’une même histoire. Au lieu qu’ailleurs on les oppose pour tenter de dissoudre l’idée panafricaine, la présentation exhaustive du mouvement dans toutes ses composantes rend compte enfin de toute la force qui est la sienne.

Le panafricanisme des esclaves rencontre au XXème siècle celui des colonisés, soudés entre eux également par la même expérience historique, partagée cette fois par la totalité de l’Afrique, imposant à ses habitants la vision d’un destin commun et solidaire. Le héraut, qui ancre cette histoire dans l’unité du passé, Cheikh Anta Diop, retrouve ici sa place primordiale, débarrassé des appréciations hostiles qui le défigurent, lui le grand banni des études africanistes en France. En tête des héros de la lutte anticoloniale et panafricaniste se dressent Kwame Nkrumah et Frantz Fanon. C’est l’heure où les tenants de la révolution africaine trouvent refuge à Accra, Le Caire, Alger. C’est l’heure aussi où les Afro-américains, avec les Africains, mobilisent le monde contre l’apartheid qui opprime les noirs sur leur propre terre en Afrique du Sud.

Né il y a deux siècles le panafricanisme est une idée jeune qui séduit les jeunes générations africaines et les unit à leurs frères d’Amérique du nord, du sud et surtout des Caraïbes qui ont produit avec Césaire, Walter Rodney et Bob Marley la plus riche constellation poétique, politique, musicale, d’un mouvement voué à la renaissance de l’Afrique.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 242 - janvier 2015
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