Survie

Le Congo, otage de Kabila

rédigé le 1er février 2015 (mis en ligne le 25 février 2015) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Mêmes causes, mêmes effets. Après le
Burkina, c’est la rue congolaise qui a vertement
manifesté son hostilité, fin janvier, au projet
de modification de la loi électorale de la
République Démocratique du Congo (RDC).
La spontanéité, la violence et l’ampleur des
manifestations ont ébranlé le pouvoir et mis
en lumière ses dissensions, entre partisans
du passage en force et « légalistes ».

Décrié de longue date, le projet prévoyait de
conditionner la tenue des élections à un
recensement général de la population. Ce qui,
compte tenu, de l’état de l’administration et
de l’immensité du pays, pouvait prendre
plusieurs années. La manœuvre, grossière,
aurait ainsi permis au président Joseph Kabila
de prolonger son mandat au-delà
de cette
échéance et de « s’offrir », de fait, un troisième
mandat, ce que lui interdit la Constitution.

C’est donc l’adoption par l’Assemblée nationale
du fameux article 8 alinéa 3 du projet de loi
électorale qui a mis le feu aux poudres à
Kinshasa, Bukavu ou Goma. Les protestations
ont été réprimées dans le sang par les forces
de sécurité et la garde présidentielle au prix
de plusieurs dizaines de morts. Comme à son
habitude, le régime s’est attaqué aux opposants
politiques, a interdit des médias proches de
l’opposition, a coupé les services SMS ainsi
que le réseau internet où le mot d’ordre Telema
(« Debout » en lingala) se propageait. Le
coup de semonce des Congolais est passé
suffisamment près pour que les sénateurs
rectifient la nouvelle loi électorale quatre
jours après le début des émeutes, avant qu’une
commission paritaire des deux assemblées
ne l’entérine.

Mais les Congolais restent méfiants. Déjà
fortement mobilisés, en 2011, pour dénoncer
l’élection frauduleuse de Kabila, ils s’inquiètent
toujours de l’absence de calendrier des élections
générales de 2016 (présidentielle, législatives,
provinciales et municipales) et de leur
financement qui reste à trouver. Autant de
raisons qui peuvent permettre à un Kabila
jusqu’au-boutiste
de retarder l’échéance
présidentielle et de prolonger son mandat au-delà
des limites constitutionnelles.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 243 - février 2015
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