Survie

Fidélité franco-congolaise

rédigé le 1er janvier 2016 (mis en ligne le 16 janvier 2016) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Après un passage en force pour faire
adopter la modification constitutionnelle qui
lui permet de se présenter ad vitam aeternam
aux « élections », le dictateur Denis Sassou
Nguesso, qui n’a pas encore officialisé sa
prochaine candidature, a décidé d’avancer la
date de la prochaine présidentielle au 20 mars,
plutôt qu’à l’été 2016 comme cela était prévu.

L’objectif est de prendre de court une
opposition en partie désorientée suite à la
promulgation de la nouvelle Constitution, le
6 novembre dernier.

Et hélas, cela fonctionne :
tout en dénonçant l’illégalité de l’anticipation
du scrutin, le Front Républicain pour le Respect
Constitutionnel et l’Alternance Démocratique
(FROCAD) et l’Initiative pour la démocratie au
Congo (IDC) ont accepté d’y participer, sous
certaines conditions (qui n’ont aucune chance
de se réaliser : toilettage du fichier électoral,
indépendance de la commission électorale,
etc.).

Parallèlement, le régime fait le ménage.
Au cas où les interdictions de quitter le
territoire et les incarcérations au siège de la
sinistre Direction générale de la surveillance du
territoire qui visent les responsables du
FROCAD et de l’IDC ne seraient pas suffisantes,
des dizaines de jeunes qui avaient manifesté
contre le changement constitutionnel ont été
victimes de rafles policières juste avant Noël,
sous couvert de lutte contre la délinquance
(Rfi.fr, 23/12).

Ce climat de terreur n’a toujours
pas amené Paris à suspendre sa coopération
militaire ; au contraire, « le Congo et la France
envisagent d’explorer de nouvelles pistes
 »
dans ce domaine, affirmait fièrement l’Agence
d’information d’Afrique centrale
(16/12), du
groupe Les Dépêches de Brazzaville. Cet
organe de propagande du clan Sassou relatait la
visite du nouveau commandant des troupes
françaises basées au Gabon, le général de
division Vincent Guionie, au ministre congolais
de la Défense nationale, Charles Richard
Mondjo. Ce dernier a, à cette occasion, décoré
certains coopérants français des médailles de
fraternité d’armes, en félicitant «  ces officiers et
sous­-officiers épris de leurs missions et d’une
fidélité à toute épreuve
 ».

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 253 - janvier 2016
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