Survie

Le retour des morts-vivants

(mis en ligne le 16 janvier 2016) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

La liste de ceux qui n’en finissent pas de
signer « l’acte de décès de la Françafrique »,
selon l’expression de Bockel, l’ex et éphémère
secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy, n’en finit
pas de s’allonger, au point qu’on s’étonne de
cet acharnement sur un cadavre déjà maintes
fois enterré. Le mois dernier, c’est Jean-­David
Levitte, conseiller diplomatique sous Chirac et
Sarkozy, qui affirmait : « La Françafrique a
complètement disparu et depuis longtemps.
C’est une époque révolue.
 » (JeuneAfrique.com, 13/11).

Ce mois­-ci, c’est le
nouveau Premier ministre et homme d’affaires
franco­-béninois Lionel Zinsou qui s’y colle :
« C’est un fantasme français » affirme­-t­-il
(France Inter, 30/11) : « Désormais l’Afrique
est en soi une puissance, [...] les rapports de
domination [...] n’existent plus qu’à l’état
résiduel et folklorique.
 »

Il faut préciser que
Zinsou n’a jamais caché ses inquiétudes de voir
les entreprises françaises perdre des marchés
en Afrique et considère que le CFA est un
« atout » pour les Africains...

L’ex-­diplomate et
désormais consultant et chroniqueur au
Monde Afrique, Laurent Bigot, y va aussi de
son couplet. Sous un titre provocateur (« Que
revive la France­Afrique !
 » 03/12) ), il
s’interroge : « Pourquoi stigmatiser ainsi
l’Afrique pour évoquer des réseaux affairistes
qui existent avec toutes les autres régions du
globe ?
 » et de rappeler le scandale des frégates
de Taïwan, l’affaire Karachi ou «  les relations
avec le Qatar, ou plutôt avec l’argent du
Qatar.
 » Certes, mais celui que l’on a connu
plus inspiré « oublie » un peu vite ces
mécanismes de domination que Zinsou juge
« résiduels ».

C’est bien pratique de limiter la
Françafrique aux réseaux officieux, affairistes
ou barbouzards. Ça évite d’avoir à prendre
position sur ces petites particularités
« folkloriques » françaises que sont le maintien
des bases militaires et les Opex à répétition, la
gestion franco­-française du franc CFA, le rôle
exact de la Francophonie ou de la
« coopération », ou bien encore l’attitude des
médias français, presque tous le petit doigt sur
la couture du pantalon quand on aborde ces
questions.

A ce sujet, Serge Michel,
responsable éditorial du
Monde Afrique n’a pas pu
s’empêcher
de
tweeter : « Excellente chronique de Laurent
Bigot
 ».

Le contraire aurait été étonnant de la
part de ce grand admirateur des projets de
Bolloré en Afrique.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 253 - janvier 2016
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