Le WWF, souvent critiqué discrètement
pour ses partenariats avec de grandes
entreprises, est cette fois ouvertement
attaqué par Survival, le mouvement mondial
pour les droits des peuples indigènes. En
février, Survival avait annoncé avoir déposé
une « plainte » contre le WWF devant l’OCDE :
cette procédure n’est pas judiciaire mais vise
seulement à signaler à cette organisation
multilatérale un cas de violation des
« principes directeurs » qu’elle édicte à
destination des multinationales, pour qu’elle
mène si besoin une médiation. Grande
première, l’organisation visée est cette fois
une ONG environnementaliste – celle dont le
logo panda est largement connu du grand
public.
Dans cette requête extrajudiciaire,
Survival accuse le WWF d’être complice de la
violation des droits des populations
"pygmées" baka au sud-est du Cameroun, en
finançant des brigades anti-braconnage qui
ont commis de violents abus sur des
membres de leur communauté. Le 25 mai,
Survival a à nouveau tiré la sonnette d’alarme
pour les Baka, en dénonçant le déboisement
par le groupe français Rougier d’une vaste
zone forestière de leur territoire, sans le
consentement des communautés. Or, comme
Survival le rappelle, le WWF a justement
annoncé en 2015 avoir débuté avec Rougier
« une collaboration stratégique de trois ans
axée sur la bonne gestion forestière en
Afrique ». En janvier dernier, le WWF France,
présidé depuis novembre par Pascal Canfin,
vantait dans un communiqué ce partenariat :
« L’entreprise joue le rôle de l’employeur local
par excellence et aussi d’exploitation et
préservation de la forêt par ses procédures de
contrôle et d’organisation de la société
autour de son usine ». Les Baka, victimes du
WWF par excellence ?