Survie

Omerta onusienne

rédigé le 1er juillet 2016 (mis en ligne le 15 juillet 2016) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Anders Kompass, le fonctionnaire de
l’ONU sans lequel n’aurait sans doute jamais
éclaté le scandale des viols commis
par des militaires français et des casques
bleus sur des mineurs en Centrafrique, a
fini par jeter l’éponge et démissionner de
l’institution.

Dans un texte intitulé « Pourquoi
j’ai démissionné des Nations unies », il
revient sur ce qu’on savait déjà en partie :
s’il a fait fuiter le dossier, c’est parce que
tous les cadres de l’ONU semblaient disposés
à l’enterrer. En avaient en effet connaissance
« la chef de cabinet du secrétaire
général, Susana Malcorra, le haut commissaire
aux droits de l’homme Zeid
Ra’ad al-Hussein,
la patronne du Bureau
des services de contrôle interne
des Nations unies, Carman Lapointe,
Hervé Ladsous et probablement le secrétaire
général Ban Kimoon
lui-même.
D’autres, plus bas dans la hiérarchie,
avaient également regardé
ailleurs. La numéro deux des droits de
l’homme, Flavia Pansieri, l’avait gardé sur
son bureau pendant huit mois sans le lire,
disait-elle,
de même que le général Babacar
Gaye, responsable des casques bleus en
Centrafrique. De tout cet aréopage, seul
Babacar Gaye a payé les pots cassés, en
étant renvoyé en 2015. Lui et… Anders
Kompass qui a été l’objet d’une enquête interne
pendant de longs mois. Le fonctionnaire
a été placardisé et ostracisé par une
partie des équipes de l’ONU quand il a repris
ses fonctions »
, résume Médiapart
(08/06
).

Le français Hervé Ladsous, patron
des Opérations de maintien de la paix, a
notamment cherché à l’évincer. Cette situation
n’est pas une première, selon Kompass,
et l’omerta est la règle : « Le personnel
a peur et cette peur est fondée sur une
vaste expérience. (…) En revanche, les
personnes trouvées responsables d’avoir
dissimulé des abus sexuels d’enfants ou
d’avoir eu une conduite douteuse ne
sentent pas qu’elles doivent démissionner
et l’organisation ne cherche pas non plus
à les licencier. »

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 259 - juillet-août 2016
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