Survie

« Un magistrat politique »

(mis en ligne le 29 janvier 2017) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

A force de cynisme, certains finissent par ne plus vivre dans le même monde. Jean-Claude Marin, nommé procureur gé­néral près la Cour de cassation par Sarkozy en 2011 est « un magistrat politique », pour reprendre le titre d’une enquête qui lui a été consacrée en 2015 par Michel Deléan (éditions Pygmalion), très sensible à la rai­son d’État et dont on ne compte plus les services rendus aux puissants. Dernièrement, n’a-­t­-il pas plaidé la relaxe pour Christine Lagarde, jugée (coupable, mais dispensée de peine...) par la Cour de jus­tice de la République, la machine à blanchir les hommes de pouvoir ? Mais ce n’est pas cette affaire qui lui vaut ce mois­-ci les hon­neurs de notre bulletin. C’en est une autre, passée presque inaperçue. Le 28 novembre dernier, cet honorable magistrat a reçu avec tous les honneurs Marie-­Madeleine Mbo­rantsuo et lui a remis une médaille de la Cour de cassation. Une cérémonie joliment illustrée sur le site de la Cour de cassa­tion... avant que le billet ne disparaisse devant l’émoi suscité dans les rangs de l’opposition gabonaise. Selon des informa­tions obtenues par Mediapart (05/12), « le premier président de la Cour de cassation, Bertrand Louvel, ignorait tout de cette vi­site officielle, ainsi que de la communication qui en a été faite par l’institution qu’il préside. En découvrant la chose, le pre­mier magistrat de France a piqué une co­lère noire, et a fait retirer toute mention de cet événement ». Mme Mborantsuo est en effet à la tête de la cour constitutionnelle gabonaise depuis 1998, où elle avait été placée par Omar Bongo, dont elle a eu deux enfants. Surnommée « la tour de Pise » au Gabon, parce qu’elle penche toujours du côté du pouvoir, c’est elle qui a validé la dernière « élection » d’Ali Bongo, malgré le caractère surréaliste des chiffres officiels. La visite en France « a donné lieu à de nom­breux échanges sur le système de justice gabonais (...). Elle a souligné les conver­gences entre les architectures judiciaires gabonaise et française » relatait le commu­niqué éphémère côté français. Et assuré­ ment une convergence de vue sur une certaine conception de la justice entre Mme Mborantsuo et M. Marin...

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 264 - janvier 2017
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