C’est devant le ministre Bruno Le Maire, représentant de l’exécutif français aux commémorations à Paris, que le rescapé Alain Ngirinshuti a lu ce 7 avril un extrait de la lettre de refus du ministère de l’Intérieur qu’il avait reçue en septembre 2018.
Le « sous-directeur de l’accès à la nationalité française » lui notifiait le rejet de sa demande de naturalisation pour « manque de loyalisme envers la France et ses institutions » du fait de son implication dans l’association de rescapés Ibuka, accusée par ce courrier officiel de servir « de relais aux services de renseignement rwandais ».
Comme l’a souligné sur Twitter Yvonne Mutimura, une autre rescapée, « espérons que Philippe Hategekimana poursuivi pour génocide ne l’a pas obtenue par sa loyauté envers la France ».
#Rwanda #Kwibuka25 Naturalisation refusée pour le rescapé du génocide des Tutsi @ANgirinshuti d'Ibuka pour ‘manque de loyalisme envers la France’. Espérons que Philippe HATEGEKIMANA poursuivi pour génocide ne l'a pas obtenue par sa loyauté envers la Francehttps://t.co/OdV1pP9Ueu
— Yvonne Mutimura (@YvonneMutimura) 7 avril 2019
Cet ancien adjudant-chef de la gendarmerie rwandaise, accusé d’avoir participé au génocide, a longtemps vécu en France sans être inquiété et y a obtenu sa naturalisation – il s’appelle depuis Philippe Manier. Il aura fallu une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), en 2015, pour qu’une enquête soit ouverte à son encontre, le poussant à fuir au Cameroun. Il y a été arrêté en mars 2018, et vient d’être extradé en France (AFP, 3/03).
Alain Ngirinshuti a expliqué son intervention un peu plus tard sur Twitter : « Qu’on me refuse la naturalisation n’est pas un sujet qui a sa place dans la commémoration, mais qu’on me la refuse au motif que je suis membre d’une association des rescapés, cela pose le problème du malaise de certains politiques français face à cette histoire ». Le préciser, c’est presque déloyal...