Survie

Faim et changement climatique

Publié le 26 mai 2005 - Survie

Extraits d’un communiqué de la FAO, Italie, 26 mai 2005.

(...) Le changement climatique menace d’accroître le nombre d’affamés dans le monde en réduisant la surface des terres agricoles dans les pays en développement, selon un rapport présenté par la FAO au Comité de la sécurité alimentaire mondiale (...).

"Dans une quarantaine de pays en développement pauvres, totalisant 2 milliards de personnes dont 450 millions d’affamés, les pertes de production du fait du changement climatique accroîtraient dramatiquement le nombre de sous-alimentés, torpillant ainsi les progrès en matière de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire", indique le rapport.

Les pays d’Afrique subsaharienne paieraient le plus lourd tribut du fait de leur faible capacité à s’adapter au changement climatique ou à compenser la baisse de production grâce à des importations de denrées alimentaires. En revanche, les pays industrialisés enregistreraient des gains de production, selon le rapport.

Projections pour 2080

Dans les pays en développement, le changement climatique pourrait entraîner une augmentation des superficies arides ou souffrant d’un manque d’humidité.

A titre d’exemple, en Afrique, on estime à 1,1 milliard d’hectares les terres où la période de croissance des cultures est inférieure à 120 jours. D’ici à 2080, sous l’action du changement climatique, cette surface s’accroîtrait de 5 à 8 pour cent, soit d’environ 50 à 90 millions d’hectares, selon la FAO. (...)

En Asie, les effets du changement climatique seraient mitigés : l’Inde pourrait perdre 125 millions de tonnes, soit l’équivalent de 18 % de sa production céréale sous irrigation pluviale, mais la Chine verrait sa production céréalière sous irrigation pluviale, estimée à 360 millions de tonnes, augmenter de 15 %.

Prolifération des maladies et des ravageurs des plantes

Le changement climatique (...) entraîne aussi une prolifération des maladies animales et des ravageurs des plantes, selon M. Wulf Killmann, porte-parole du Groupe de travail interdépartemental de la FAO sur le changement climatique. (...)

A l’ère de la mondialisation, l’agriculture doit s’adapter face à l’apparition de nouvelles maladies animales et de nouveaux ravageurs des plantes, un phénomène qui ira s’accélérant du fait de l’intensification du commerce international et du transport.

Les changements de température et l’aggravation de la pollution atmosphérique, tout comme la diffusion des maladies animales transfrontières susceptibles de présenter des éléments pathogènes potentiellement dangereux pour l’homme, pourraient allonger la liste des maladies humaines, ainsi que l’a montré récemment la crise de la grippe aviaire en Asie, met en garde le rapport.


Vous trouverez le rapport sur ce lien : http://www.fao.org/docrep/meeting/009/J4968f/j4968f00.htm#P148_36799

Extraits :

E. CHANGEMENT CLIMATIQUE

48. La rapidité du changement climatique prévu au cours des 100 prochaines années n’a pas de précédent dans l’histoire de l’humanité. Au cours des temps géologiques, les variations de la température moyenne de la planète n’ont généralement pas dépassé 5°C pendant des périodes de plusieurs millions d’années. Aujourd’hui, les chercheurs pensent que la température de la surface de la Terre - qui a déjà augmenté de 0,6°C depuis la fin du XIXe siècle - pourrait s’élever de 1,4 à 5,8°C supplémentaires au cours du XXIe siècle.

49. Malgré le degré élevé d’incertitude, les diverses simulations portant sur l’impact futur du changement climatique sur la production agricole aboutissent à des conclusions analogues et cohérentes. Au cours des prochaines décennies, l’agriculture mondiale sera confrontée aux nombreux défis engendrés par la dégradation des sols et des ressources hydriques, qu’un changement climatique ne pourrait qu’aggraver. Dans ces conditions, assurer la sécurité alimentaire de populations croissantes posera d’énormes difficultés.

Production agricole et sécurité alimentaire : gagnants et perdants

(...)

51. Les pays en développement à faible revenu sont plus vulnérables à une réduction de la production agricole pour les raisons suivantes : (i) les revenus de l’agriculture représentent un pourcentage élevé de leur PIB ; (ii) les liens entre la production agricole et les revenus sont étroits ; (iii) la dépendance par rapport à la diversité locale est élevée ; (iv) la capacité de s’adapter ou de réagir aux changements est limitée. (...)

52. Certains groupes sont particulièrement vulnérables au changement climatique : les groupes à faible revenu dans les régions exposées à la sécheresse et dotées d’infrastructures et de systèmes de distribution commerciale médiocres ; les groupes à revenu faible ou moyen dans les zones exposées aux inondations ; les agriculteurs, dont les terres peuvent être endommagées ou submergées par la montée du niveau de la mer ; et les pêcheurs, qui peuvent perdre leur capture par suite de l’inversion des courants ou de l’inondation des zones de frai.

L’eau

53. La qualité de l’eau sera également touchée par la montée du niveau de la mer. Une eau plus saline parviendra à s’introduire dans les aquifères côtiers et les estuaires, rendant l’eau douce saumâtre, puis impropre à la consommation. Certaines régions pourraient en souffrir gravement, notamment les îles et atolls de faible altitude dont l’approvisionnement en eau douce dépend des eaux souterraines. (...) Sachant qu’un tiers de la population du monde vit dans des pays qui souffrent déjà d’une pénurie d’eau et que les populations et la demande vont exploser, l’approvisionnement en eau risque d’être l’un des problèmes les plus aigus à résoudre dans un monde soumis au changement climatique.

Créer une capacité d’adaptation

(...)

56. Des stratégies coordonnées d’utilisation des terres, de valorisation des paysages et d’approvisionnement en eau peuvent faire coïncider les besoins humains et les objectifs de conservation. De même, la gestion intégrée de la pêche côtière pourrait réduire la pression s’exerçant sur certaines pêches côtières. Les efforts pour améliorer l’agriculture durable et le développement rural pourraient rendre la biodiversité plus résiliente. La conservation du bois de feu, notamment en introduisant des poêles efficaces, l’utilisation du biogaz et d’autres formes d’énergie renouvelable, pourraient atténuer les pressions sur les forêts et protéger la biodiversité.

(...)

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