Survie

Le Forum de Porto Alegre s’est achevé par un "mur des propositions"

Publié le 1er février 2005 - Survie

Extraits tirés du Monde, France, 1er févirer 2005.

Les droits de l’Homme ont été au cœur des débats dans la capitale des altermondialistes. (...)

En guise de conclusion, le Forum social mondial (FSM) a édifié, lundi 31 janvier, un "mur des propositions", avec 352 points issus des séminaires ou ateliers tenus pendant cinq jours. Selon les organisateurs, le nombre des participants aurait dépassé les 150 000.

Sur deux mille réunions réparties en onze espaces thématiques, les droits de l’homme sont arrivés en tête, avec 471 rencontres inscrites au programme. Reed Brody, de Human Rights Watch, a participé à un atelier sur la lutte antiterroriste, "devenue la principale menace contre les droits de l’Homme". "Je rencontre ici ceux que nous sommes appelés à protéger", explique-t-il. (...)

"Débouchés politiques"

Oded Grajew, qui a eu l’idée d’organiser un Forum alternatif au Forum économique de Davos, est content d’avoir aménagé un vaste "territoire social mondial" en si peu de temps et d’avoir intégré en son centre le camping intercontinental de la jeunesse. "Je suis ému de voir des jeunes débattre, entendre, questionner, au lieu d’être en vacances", confie-t-il.

La nouvelle "méthodologie" décentralisée et participative du Forum aurait permis d’élargir les discussions à travers le monde. "Nous avons changé l’agenda international. Maintenant, Davos débat de sujets comme la faim ou la pauvreté", ajoute M. Grajew. (...)

Pourtant, Frei Betto, ancien conseiller du président brésilien Lula, craint une "pulvérisation du Forum et la perte d’impact qui en résulterait". Le juriste Philippe Texier, invité par les organisations brésiliennes des droits de l’Homme, estime au contraire que le regroupement thématique a facilité les contacts. (...)

Soucieux de "débouchés politiques" pouvant favoriser la mobilisation des altermondialistes, un certain nombre de personnalités, dont les Prix Nobel José Saramago et Adolfo Perez Esquivel, ont diffusé, à titre personnel, un "manifeste de Porto Alegre". Parmi ses douze points figurent l’annulation de la dette des pays du Sud, l’application de taxes internationales sur les transactions financières et sur les ventes d’armes, le démantèlement des paradis fiscaux et des bases militaires étrangères, le rejet du libre échange et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la "souveraineté alimentaire" et l’interdiction de la privatisation de l’eau. "Face au consensus de Washington - la charte du libéralisme -, nous disposons maintenant des douze commandements du consensus de Porto Alegre", ont affirmé les signataires.

L’initiative a été critiquée par des organisateurs du FSM. "Si le contenu reprend des discussions du Forum, la démarche menace notre mode de fonctionnement, soutient Candido Grzybowski, de l’Institut brésilien d’analyses socio-économiques (Ibase). Faire appel à des célébrités, les illuminés habituels, contredit la méthodologie du Forum, qui repose sur les propositions émanant d’une large participation à la base. Cela revient à la vieille manière de faire de la politique." Tout en regrettant la confusion possible avec la "résolution finale" à laquelle le FSM se refuse, Oded Grajew croit que le "manifeste" sera noyé parmi les suggestions du "mur des propositions". (...)

Paulo A. Paranagua, envoyé spécial à Porto Alegre

Retrouvez les informations sur ce 5ème Forum social mondial sur le site http://www.forumsocialmundial.org.br

a lire aussi