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Déclaration commune des Académies des sciences pour le Sommet du G8 du 6 au 8 juillet 2005 sur la réponse globale au changement climatique

Publié le 8 juin 2005 - Sharon Courtoux

Extraits de la déclaration, le 8 juin 2005.

Le changement climatique est une réalité.

Il y aura probablement toujours des incertitudes dans la compréhension d’un système aussi complexe que le climat à l’échelle mondiale. Toutefois, il est pratiquement sûr qu’un réchauffement global s’installe actuellement [1]. En témoignent les mesures directes des températures de l’air au voisinage du sol et des températures de la couche superficielle des océans ainsi que des phénomènes tels que l’élévation de la moyenne du niveau des mers, la fonte des glaciers et des modifications de nombreux systèmes biologiques et physiques. Il est probable que la majeure partie du réchauffement des dernières décades est due à l’activité humaine [2]. Ce réchauffement a déjà conduit à un changement du climat de la Terre.

(...) L’augmentation des gaz à effet de serre provoque une élévation des températures ; la température de la surface de la Terre a
augmenté d’environ 0.6 degré centigrade pendant le XXè siècle. Le groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que la moyenne globale des températures de surface continuera à augmenter, et qu’elle se situera en 2100 dans une fourchette comprise entre 1.4 et 5.8 degrés centigrades au-dessus des niveaux de 1990.

Réduire les causes du changement climatique

La compréhension scientifique du changement climatique est maintenant assez claire pour justifier que les États entreprennent rapidement des actions. Il est indispensable que tous les
pays identifient les mesures ayant un rapport coût-efficacité correct, qu’elles peuvent prendre dès maintenant, pour contribuer à une réduction substantielle et à long terme des émissions
nettes de gaz à effet de serre.

Les actions entreprises aujourd’hui pour réduire significativement l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère réduiront l’ampleur et la rapidité du changement climatique.
(...) L’absence de certitudes scientifiques relatives à certains aspects du changement climatique n’est pas une raison pour
tarder à apporter une réponse immédiate (...).

Compte tenu du développement économique des nations pendant les 25 prochaines années, on estime que la demande mondiale en énergie primaire sera accrue de près de 60%. Les énergies fossiles, qui sont responsables de la majeure partie des émissions de dioxyde de carbone produites par les activités humaines, fournissent des ressources précieuses pour beaucoup de nations. On estime qu’elles représenteront 85% de la demande (IEA 2004) [3]. (...)

Le dioxyde de carbone peut rester dans l’atmosphère pendant plusieurs décades. Même avec une réduction des émissions, nous serons soumis aux effets du changement climatique pendant tout le XXIe siècle et au-delà. Ne pas réduire significativement dès aujourd’hui de l’émission nette des gaz à effet de serre rendra la tâche beaucoup plus difficile à l’avenir.

Se préparer aux conséquences du changement climatique

L’essentiel du système climatique répond lentement aux changements des concentrations des gaz à effet de serre. Même si les émissions de gaz à effet de serre étaient stabilisées instantanément aux taux d’aujourd’hui, le climat continuerait quand même à changer, car il
s’adapte à l’émission accrue des décennies passées. Les changements futurs du climat sont donc inévitables. Les pays doivent s’y préparer.

Les changements prévisibles du climat auront à la fois des effets bénéfiques et défavorables à l’échelle régionale, par exemple sur les ressources en eau, l’agriculture, les écosystèmes
naturels et la santé de l’homme. Plus le changement sera important et rapide, plus les effets défavorables domineront. Les températures accrues vont probablement augmenter la fréquence et la gravité des événements météorologiques comme les vagues de chaleur et les
grosses chutes de pluies. Elles pourraient conduire à des effets à grande échelle tels que des modifications des flux de l’océan Atlantique Nord (avec des conséquences majeures pour le
climat de l’Europe du Nord) et la fonte de grandes calottes glaciaires (avec des effets majeurs sur les régions de basse altitude dans le monde entier).

Le GIEC estime que les effets combinés de la fonte des glaces et de la dilatation de l’eau de mer due au réchauffement des océans devraient provoquer une augmentation du niveau de la mer d’une amplitude comprise entre 0.1 et 0.9 mètre entre 1990 et 2100. Au Bangladesh seul, une montée du niveau de la mer de 0.5 mètre soumettra environ 6 millions de personnes au risque d’inondation.

(...) Les efforts globaux sur le long terme pour créer un monde en bonne santé, prospère et durable peuvent être considérablement freinés par le changement climatique.(...)

Conclusion

Nous adjurons toutes les nations, en accord avec les principes de l’UNFCCC4, d’entreprendre rapidement des actions pour réduire les causes du changement climatique et pour s’adapter à ses effets et de s’assurer que cette question est incluse dans toutes les stratégies pertinentes nationales et internationales. En tant qu’Académies nationales des sciences, nous nous engageons à travailler avec les gouvernements pour aider à développer et à mettre en oeuvre
la réponse nationale et internationale au défi du changement climatique.

Les pays du G8 ont été responsables pour beaucoup des émissions passées de gaz à effet de serre. En tant que parties prenantes à l’UNFCCC, ces pays prennent l’engagement de montrer la voie pour répondre au changement climatique et aider les pays en développement à affronter les enjeux de l’adaptation et de la mitigation.

(...)


Académies des sciences signataires
 :

 Allemagne Deutsche Akademie der Naturforscher Leopoldina
 Brésil Academia Brasileira de Ciencias
 Canada Royal Society of Canada
 Chine Chinese Academy of Sciences
 États-Unis d’Amérique National Academy of Sciences
 France Académie des sciences
 Inde Indian National Science Academy
 Italie Accademia dei Lincei
 Japon Science Council of Japan
 Royaume-Uni Royal Society
 Russie Russian Academy of Sciences

Texte intégral sur ce lien

[1Ce texte se concentre sur le changement climatique. La définition que nous utilisons pour le changement climatique est celle de l’UNFCCC : ’a change of climate which is attributed directly or indirectly to human activity that alters the composition of the global atmosphere and which is in addition to natural climate variability observed over comparable time periods’.

[2GIEC (2001) Troisième rapport. Nous prenons acte du consensus international scientifique du GIEC.

[3IEA (2004) World Energy Outlook 4. Bien que les projections à long terme de la demande et de l’offre en énergie soient très incertaines, le World Energy Outlook produit par l’International Energy Agency (IEA) est une source utile d’information sur les scénarios
énergétiques futurs.

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