Extraits tirés de L’Ecologiste n°1, France, automne 2000.
Le cancer ? Une maladie génétique qui sera bientôt guérie ! Telle est la nouvelle promesse des firmes pharmaceutiques, maintenant désignées sous le label "industries des sciences de la vie" avec les firmes agroalimentaires. Après avoir bouleversé l’agriculture et la notion même de vie, la "génétique appliquée" s’affiche aujourd’hui comme le nec plus ultra en matière de santé. Sous les promesses mirifiques, la logique est la même : c’est l’expropriation du vivant comme celle de la santé qui sont en jeu.
(...) Dans une société fondée sur le profit, c’est un grand malheur que les plantes et les animaux se reproduisent dans le champ du paysan. Que, pour un semencier, le paysan qui sème le grain qu’il récolte est un "pirate" ; que, de son point de vue, se nourrir est un acte de recel ; qu’en définitive la loi du profit est antagonique à la loi de la vie et que, par conséquent, la vie a tort.
Alors, il a fallu faire en sorte de naturaliser, de "biologiser" cette expropriation. (...)
Par Jean-Pierre BERLAN
