Survie

OGM : l’offensive américaine en Afrique

Les Etats-Unis courtisent les Africains à Ouagadougou

Publié le 23 juin 2004 - Survie

Extraits d’un article d’Afrik.com, 23 juin 2004.

Les Européens boudent les organismes génétiquement modifiés (OGM) mais les Etats-Unis ne désespèrent pas. L’Afrique semble se présenter comme un débouché de choix pour les grandes firmes américaines, leaders mondiaux dans ce domaine. Le sommet qui se tient actuellement au Burkina Faso en est une preuve tangible. Mais l’Afrique est-elle prête pour les OGM ?

Ouagadougou accueille, depuis lundi dernier, une conférence ministérielle inter-africaine dont le thème est « Exploitation de la science et de la technologie pour accroître la productivité agricole en Afrique : perspectives ouest- africaines ». Cette rencontre, co-organisée par le département de l’Agriculture des Etats-Unis et le Burkina Faso, remet à l’ordre du jour la question de l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) en Afrique. Quinze pays africains participent à cette rencontre (...)

Selon L’Observateur Paalga, au démarrage de la conférence, le secrétaire du département de l’Agriculture, Ann Veneman, a invité depuis les Etats-Unis, « les Africains à saisir l’opportunité pour ne pas rater la révolution verte avec l’avènement des nouvelles technologies agricoles  ».

(...) Certains scientifiques se montrent plus circonspects, comme le docteur Amadou Moustapha Beye, généticien et responsable technique du Réseau semencier africain. Il se dit « perplexe » quant à l’introduction des OGM en Afrique. Pourquoi ? « Il n’y a pas assez d’études qui ont été menées sur le terrain  » pour démontrer notamment de l’impact économique des semences génétiquement modifiées.

Exemple avec le cotonnier. « Pour le protéger pendant un an, les Américains utilisent 200 l de pesticides contre 5 l sur le continent. Dans ces conditions, conclut l’ingénieur agronome, un OGM cultivé aux Etats-Unis est automatiquement rentable. Dans le cas africain, ce n’est pas vérifié. Les seules études sur le coton qui se déroulent actuellement au Burkina Faso ne se sont d’ailleurs pas avérées très concluantes  ».

Dépendance économique

Notons qu’utiliser des OGM exige un réapprovisionnement annuel. Ce qui représente une contrainte économique supplémentaire quand on connaît la bourse des paysans africains. (...)

Les Etats-Unis en organisant cette rencontre au Burkina ont pris les devants pour que les pays africains ne suivent pas l’exemple zambien qui avait refusé l’aide alimentaire américaine. Forme par laquelle le maïs transgénique est introduit en Afrique.

Les chefs d’Etats malien, ghanéen, nigérien et burkinabé, à l’ouverture de la conférence, se sont déclarés « favorables » à l’utilisation des OGM à condition qu’ils ne représentent « aucun danger pour les populations et l’environnement ». Gageons qu’ils sauront se montrer vigilants et attentifs aux avis des spécialistes.

par Falila Gbadamassi

© Afrik.com

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