Article paru dans la revue Altermondes n°3, septembre 2005.
Par François Lille
Dans quel atelier du monde peut-on voir, sur une vingtaine de travailleurs, six ou sept nationalités différentes, chacune selon sa qualification ? Dans quel lieu voit-on des gens, pour une même période de travail continu, obtenir les uns plusieurs mois de congé et les autres quelques semaines, chacun selon sa nationalité ? Où voit-on, dans la même usine, travail et heures supplémentaires sur des bases de 35 à 40 heures pour les uns et 48 heures pour les autres ?
Cet atleier, ce lieu, c’est un navire. Cette industrie, c’est la marine marchande internationale. Nous ne parlons pas seulement ici des bateaux pourris des armateurs voyous, qui défraient la chronique. Ni de ces équipages perdus en mer ou abandonnés dans les ports au mépris des droits humains les plus élémentaires. Ils ne sont que la frange maudite de tout un système d’exploitation que les plus grandes compagnies, sur les navires les mieux gérés, appliquent sans aucun complexe. Discrimination, précarité et soumission sont le lot courant des marins "modernes". Il y a des listes noires...
