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Survie, 30 ans de lutte contre la Françafrique !

Publié le 25 mars 2015 - Survie

Ce 28 mars 2015 sera dans le réseau de l’association Survie une Journée de mobilisation nationale contre la Françafrique. 30 ans après la création de l’association, le combat de Survie contre le néocolonialisme français en Afrique se poursuit plus que jamais, dans un contexte général de banalisation de l’ingérence française en Afrique.

Créée en 1985 suite à l’initiative de lauréats du Prix Nobel voulant une loi "de Survie" utilisant plus efficacement l’aide au développement pour en finir avec la faim dans le monde, l’association se mobilisa en réaction au blocage par le gouvernement de ce projet de loi pourtant soutenu par une grande majorité de députés, et remit progressivement en question la faiblesse du pouvoir législatif face à l’exécutif de la Vème République, comme la spécificité des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, basées sur une profonde ingérence et une opacité totale. Le combat de l’association pose alors l’objectif de refondre en profondeur la politique française en Afrique, pour d’abord ne pas nuire !

10 ans après sa création, l’association connut un tournant avec le rôle joué par la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, révélant que l’Etat français pouvait aller jusqu’à soutenir ceux qui commettaient une telle atrocité, au nom de ses alliances. Les militants et le président de l’époque de Survie, Jean Carbonare, alertèrent les politiques et l’opinion publique sur la préparation d’un génocide, en vain.

A partir de 1996, l’association, vulgarisant en particulier les travaux de François-Xavier Verschave, commença à révéler au grand public les rouages de ce qu’elle nomma « la Françafrique » : soutien aux dictatures, présence militaire française pour protéger les régimes amis, corruption généralisée et pillage des ressources naturelles au travers d’entreprises comme Elf et grâce aux mécanismes d’évasion fiscale, mainmise sur la politique monétaire à travers le Franc CFA, etc. Le procès de 3 dictateurs africains (dont Idriss Déby et Sassou Nguesso) contre FX Verschave pour diffamation dans son livre Noir silence, gagné par ce dernier le 11 avril 2001, conforta l’association dans son mandat.

AUJOURD’HUI, bien loin de la période de Jacques Foccart, dans un contexte de globalisation libérale exacerbée, la Françafrique évolue mais reste un système d’influence et de domination qui, bien que moins sulfureux en apparence, conserve son pouvoir de nuisance pour la démocratie, en France comme en Afrique, et écrase nombre de peuples africains. Après un mandat de Nicolas Sarkozy qualifié par Survie de Françafrique décomplexée, entièrement tourné vers la promotion des intérêts économiques et stratégiques, François Hollande, tout en vantant le "changement", comme l’avait fait son prédécesseur, a repris à son compte les fondamentaux politiques, économiques et militaires de la Françafrique. Pour Survie, comme l’indique le dernier ouvrage de l’association, [1] on assiste aujourd’hui à une recomposition de la Françafrique, dans laquelle de nouvelles générations de dirigeants, français et africains, continuent de côtoyer des figures historiques, parmi lesquels des dictateurs "trentenaires" toujours soutenus par la France, où l’armée française reprend une place de premier plan sur le continent sous couvert de "lutte contre le terrorisme" et où les intérêts français sont les priorités d’une diplomatie économique de (re)conquête d’un continent de plus en plus convoité.

Grâce à nos travaux et actions ainsi qu’à ceux de nos partenaires, les citoyens français connaissent aujourd’hui mieux qu’hier les différentes facettes de ce système, et ont un écho – encore insuffisant - des luttes des mouvements sociaux africains.

Ce 28 mars, plusieurs manifestations ont lieu en France, rassemblant les militants et sympathisants de l’association, pour continuer ce travail de sensibilisation et pour rendre publiques nos revendications :

visuel 30 ans

Evènements :

  • Porteur de paroles à Marseille, Poitiers et Toulouse
  • Action de rue à Montpellier et Bordeaux
  • Débats et Concerts à Paris (événement ICI) de 16h à minuit
  • Conférence de presse - évènement Angers autour de la création du groupe local (sous confirmation, déplacé au 1er avril)

Plus d’informations sur l’agenda de Survie

L’association Survie dénonce toutes les formes d’intervention néocoloniale de la France en Afrique et milite pour une refonte réelle de la politique étrangère de la France en Afrique. Survie propose une analyse critique et des modalités d’actions encourageant chacun-e à exiger un contrôle réel sur les choix politiques faits en son nom. Elle rassemble les citoyens et citoyennes qui désirent s’informer, se mobiliser et agir.

Plus d’informations sur SURVIE.ORG
facebook.com/surviefrance / twitter.com/survie

Pour en finir avec la Françafrique, notre association demande une refonte de la politique française en Afrique, à travers :

• la fin du soutien aux dictateurs : suspension de la coopération dans les secteurs régaliens, notamment le domaine sécuritaire (armée, police, renseignement) et la confiscation des biens mal acquis en France.
• la réforme radicale de la réglementation française sur les activités étrangères des entreprises : transparence fiscale, responsabilité juridique des sociétés mères des multinationales, encadrement du lobbying…
• l’instauration d’un contrôle parlementaire permanent et effectif sur la politique de la France sur le plan diplomatique, économique et militaire.
• la fin de l’interventionnisme militaire et le retrait progressif de l’armée française (fermeture des bases militaires, retrait des instructeurs et conseillers militaires, etc.).
• l’établissement des responsabilités individuelles des décideurs politiques et militaires français dans le soutien en 1994 de notre pays aux génocidaires rwandais, et le renvoi devant la justice des responsables.

[1La Françafrique recomposée, éditions Syllepse, ouvrage collectif, 2014

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