Survie

Toulon spécial 15 août : nos "amis" les dictateurs debarquent !

Publié le 11 août 2004 - Survie

Communiqué

Paris, le 11 août 2004

60 ans après le débarquement, la France est toujours libre. Les populations des anciennes colonies françaises, elles, peinent encore à démonter les rouages de la tutelle et s’interrogent sur leurs « alliés ».

Denis Sassou N’Guesso, Zine Ben Ali, Omar Guelleh…, c’est entouré d’une belle brochette de dictateurs africains que Jacques Chirac s’apprête à célébrer le 60ème anniversaire du débarquement de Provence et la « liberté et [l’] honneur » retrouvés par la France, dimanche 15 août à Toulon.

Cynisme ? Provocation ? Imperturbable "bonne conscience" hexagonale plutôt : l’amie des dictateurs n’a pas d’état d’âme. Cette cérémonie présentée comme « un symbole de fraternité et d’universalité », est un affront fait par notre pays aux millions d’Africains qui subissent encore son joug néo-colonial et celui des tyrans qui comptent parmi ses proches.

Il est certes temps que la France reconnaisse devant l’Histoire combien les troupes coloniales, et leurs compatriotes restés au pays (qui ont fourni une part considérable de « l’effort de guerre ») ont payé un lourd tribut à la libération de l’Europe. C’était déjà le cas en 14-18 : les tirailleurs étaient sacrifiés par milliers, tandis que l’économie coloniale approvisionnait une métropole exsangue, condamnant les populations « indigènes » (selon la terminologie de l’époque) à produire toujours plus pour le salut de l’Empire .

Pourtant, le sens donné aujourd’hui par le Président français au sacrifice de ces soldats et de leurs parents -une prétendue fidélité sans faille au drapeau tricolore- occulte la soif de liberté et d’indépendance qui animait alors les colonies françaises, confrontées à l’affaiblissement et à l’humiliation de leur puissance tutélaire. Si celles-ci se sont bien battues pour la liberté de la lointaine Europe - elles n’avaient pas vraiment le choix - elles l’ont aussi fait pour leur propre libération, dans l’espoir que les puissances coloniales sachent s’en souvenir.

Le combat pour l’émancipation des colonies Françaises d’Afrique a été long et meurtrier. Il a mené à une indépendance aussitôt confisquée, au début des années 60, par le Général De Gaulle (dont le porte-avion destiné à accueillir la cérémonie de dimanche porte le nom) en connivence avec ses "protégés" africains.

Depuis lors, les fantassins du néocolonialisme n’ont cessé de débarquer en nombre sur le continent noir avec leur contingent d’hommes d’affaires louches, de multinationales prédatrices, de barbouzes, de conseillers occultes en campagnes électorales… toujours en harmonie avec ces hommes politiques africains adoubés ou installés à la tête d’Etats clients dont le seul secteur économique organisé est resté celui du détournement de la rente.

Aujourd’hui ce sont bien ces despotes, bourreaux de leur peuple, que Jacques Chirac a choisi d’honorer, en lieu et place des africains, combattants de la liberté, auxquels la France doit tant.

Il est pénible en ces circonstances de ne pouvoir compter sur la plus haute autorité de l’Etat pour faire honneur à la République Française, à ses principes, à son devoir de mémoire et de reconnaissance pour ceux qui les ont défendus. Nous en avons l’habitude. Nous ne nous y résoudrons jamais.

En mai dernier, Survie a lancé une nouvelle campagne contre le soutien de la France aux dictateurs africains (documents et calendrier des événements disponibles sur cee site)

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