Survie

Congo-Brazzaville : menaces et pressions

Publié le 21 octobre 2002 (rédigé le 21 octobre 2002) - Survie

"Touche pas à mon pote" !

Le ministre congolais de l’Intérieur, Pierre Oba, est venu à Paris au courant de la semaine dernière, semble-t-il pour rencontrer son homologue Nicolas Sarkozy [1]. La présence du ministre dans la capitale française est en tout cas confirmée par plusieurs sources bien informées.

Selon ces sources, l’affaire des 353 "disparus du Beach" (un crime contre l’humanité commis en 1999 par les hommes de Denis Sassou Nguesso sur des réfugiés de retour à Brazzaville) et ses conséquences judiciaires empoisonnent la vie du pouvoir congolais au point que ce dernier soit tenté de recourir à quelques excès. Les Dépêches de Brazzaville, support de propagande du régime, ont dans leur numéro de septembre ces propos éclairants : « Parce qu’ils sont durablement installés au pouvoir, ils [les dirigeants congolais] ont les mains libres pour faire taire ceux qui les insultent par personnes interposées depuis leur exil doré. Ce que sera la riposte, nous ne le savons évidemment pas. Mais il est indispensable qu’elle soit à la fois forte, rapide et complète […]. Tous les défis que Denis Sassou Nguesso devra relever au cours de son septennat sont importants. Mais celui-là est de loin le plus crucial. »

Plus d’un observateur de la relation franco-congolaise se demande [2] si les opposants au régime de Denis Sassou N’Guesso vivant en France, ceux des organisations impliquées dans la recherche de la vérité sur l’affaire du "Beach" notamment, ne pourraient, d’une façon ou d’une autre, être inquiétés.

Sont visés en particulier les responsables de la Fédération Congolaise de la Diaspora (FCD) et du Renouveau Conférence Nationale (RCN). Le porte parole du RCN, Benjamin Toungamani, et ses amis reçoivent régulièrement des appels téléphoniques de mystérieux correspondants qui annoncent : « On va régler ton compte ! »

La tâche de Pierre Oba, qu’un Conseil des ministres congolais aurait pris la décision de dépêcher à Paris en urgence, serait d’obtenir des autorités françaises qu’elles jugulent la libre expression de ceux qui cherchent une vérité dérangeante.

Que dire aux autorités françaises ? « Touche pas à mon pote ! » SOS Racisme nous pardonnera sans doute de lui emprunter cette belle expression. Nous aussi, nous voulons la vérité sur l’affaire du "Beach". Mais ce sont les Congolais les principaux intéressés, et au premier rang les rescapés du massacre, dont certains vivent en France. Le droit le plus strict de ces Congolais est de rechercher cette vérité. Cela relève aussi de leur devoir, tous comptes faits, et remplir son devoir mérite respect. Nous demandons aux autorités françaises le respect de ces personnes et de leurs droits. Nous leur demandons, au Président Chirac en premier lieu, d’informer le pouvoir congolais que ses représentants peuvent s’abstenir de se présenter à nos frontières tant que leurs agents proféreront des menaces, sous quelque forme que ce soit.

[1La Lettre du Continent du 17 octobre

[2Comme nous l’avons déjà fait (par communiqué le 16 septembre 2002) après que des éléments de la Fédération Congolaise de la Diaspora nous aient informés avoir reçu des appels téléphoniques inquiétants

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