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La France lâche les droits de l’Homme à Djibouti, communiqué de l’ARDHD

Publié le 30 décembre 2015 - Survie

Survie soutient ce communiqué du 29 décembre de l’Association pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti (ARDHD) et s’inquiète de la répression accrue qui s’abat sur la Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme (LDDH). Ses membres seront-ils contraints à la clandestinité ?

Les élections présidentielles djiboutiennes sont dans trois mois, la France pourtant interpellée par les associations de droits de l’Homme craindrait-elle de se priver d’un tel allié, alors que celui-ci regarde ailleurs et noue des alliances nouvelles...?

COMMUNIQUE Djibouti, 29 décembre 2015 : SORTIE IMPOSEE de l’HOPITAL BOUFFARD pour le député d’opposition SAID ROBLEH, ARRESTATION du Président de la LIGUE DJIBOUTIENNE des DROITS de l’HOMME

Pour des raisons géopolitiques, en cette fin d’année 2015, la France lâche les Droits de l’Homme à Djibouti, et livre ses représentants comme ceux de l’opposition démocratique à la violence éradicatrice du régime de Guelleh Ce 29 décembre 2015 matin, le député d’opposition Saïd Houssein Robleh, également secrétaire général de la LDDH, Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme, a été « sorti » de l’hôpital militaire français Bouffard, où il avait été transporté, opéré, et soigné par les chirurgiens militaires français après avoir été blessé par balles par la police du régime.

Saïd Robleh, comme d’autres opposants, avait été gravement blessé par balles à la gorge le 21 décembre dernier lors d’une terrible opération répressive policière du régime djiboutien à l’encontre de ses opposants : - tirs par balles policières le matin dans un véritable massacre perpétré à Balballa, contre les participants à une cérémonie commémorative d’une communauté de cette banlieue pauvre de Djibouti, et assauts l’après-midi au domicile d’un chef de l’opposition USN (Union pour la Salut National regroupant 7 partis d’opposition), avec 60 morts et disparus, et de nombreux blessés par balles, civils et représentants de l’opposition, dont Saïd Robleh.

Depuis 8 jours, les forces de la police et de la gendarmerie du régime djiboutien stationnent devant l’hôpital du Commandement des Forces Françaises Stationnées à Djibouti, opérant un filtrage musclé.

Ce matin 29/12, la France a finalement ordonné la « sortie d’hôpital » de ce grave blessé encore couvert de pansements (il a toujours une 2e balle dans la gorge qu’il a été impossible d’extraire, trop près de la carotide), député d’opposition à l’assemblée nationale djiboutienne, Secrétaire Général de la LDDH, Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme, déjà lourdement passé à tabac par le régime le 10 décembre dernier, - à qui le gouvernement djiboutien a retiré son passeport, bafouant et rebafouant son immunité parlementaire.

Simultanément ce 29 décembre matin, M. Omar Ewado a été arrêté devant l’hôpital Bouffard par la gendarmerie nationale djiboutienne : il est le Président de la LDDH, Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme, et l’un des rares représentants valides de cette ligue des droits de l’homme comme des forces démocratiques. Il a été arrêté pour avoir publié la liste des morts et disparus des massacres policiers du 21 décembre à Balballa.

Il y a deux jours, et hier 28 décembre encore, des représentants du gouvernement français, à Djibouti et à Paris, nous affirmaient que tant que Saïd Robleh serait soigné à l’hôpital militaire français Bouffard, rien ne serait à craindre pour sa sécurité et sa survie .. mais lorsqu’il sortirait ou serait sorti … ?

A trois mois des élections présidentielles djiboutiennes (IO.Guelleh brique un 4e mandat présidentiel, après avoir déjà fait changer la constitution de son pays pour le 3e mandat..), alors que cette partie de l’Afrique est dans une totale reconfiguration géopolitique et économique (arrivée à Djibouti prévue de 10 000 soldats chinois), et que la France tente de sauver des restes de pouvoir, force est de constater que la France est en train de lâcher les valeurs et les représentants des droits de l’homme et de l’équité politique, les mettant en risque ou en certitude d’élimination physique par le régime en place.

Site internet de l’ARDHD : www.ardhd.org

Nouvelles informations du 30 décembre : Ce matin du 30 décembre, la résidence du président de la LDDH a été perquisitionnée par les gendarmes ; au siège de l’association le matériel, les archives et l’unité centrale de l’ordinateur ont été saisis.

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