Survie

Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) veut renvoyer à Djibouti, où leur vie serait en danger, des opposants au régime dictatorial qui y sévit

Publié le 19 juin 2007 - ARDHD, Survie

Survie et l’ARDHD sont profondément préoccupées par la situation des anciens combattants du Frud (Front pour la restauration de l’unité et la démocratie), actuellement réfugiés en Ethiopie, et gravement menacés par la décision du HCR.

Survie et l’ARDHD alertent les organisations internationales et demandent au HCR soit de revenir sur sa position, soit de proposer une alternative à ces familles en détresse menacées de mort si elles étaient contraintes de retourner à Djibouti.

Le contexte et l’histoire :

Dans les années 1991 à 1993, un certain nombre de jeunes djiboutiens ont rejoint les rangs de la résistance qui combattait la dictature d’Hassan Gouled, voulant aussi échapper à la répression tribale sauvage qui s’était abattue sur une partie de la population et en particulier les Afar. Cela avait commencé par le massacre d’Arhiba en décembre 1991 quand les forces gouvernementales ont rassemblé les habitants de cette cité et qu’elles les ont massacrés à bout portant : plus de 50 morts et une centaine de blessés, civils et innocents, femmes, enfants et vieillards. L’arrivée d’un hélicoptère militaire français avait permis d’éviter un carnage plus terrible encore.

Dans les années 90, une partie de ces opposants a trahi le FRUD et a suivi Ougoureh Kifleh qui se ralliait au régime dictatorial de Gouled. Mais avant de rendre publique sa décision, le Groupe armé d’O. Kifleh avait tiré dans le dos des résistants, lors des accrochages, afin de les affaiblir et de permettre la victoire de l’Armée Nationale Djiboutienne (AND)

Les résistants, qui n’avaient pas trahi leurs idéaux, furent alors contraints de prendre la route de l’exil et nombreux sont ceux qui se sont établis en Ethiopie. Ce pays ne leur a jamais accordé formellement le statut de réfugiés, mais le HCR les a pris en charge, leur versant une modeste mensualité et garantissant l’accès aux soins médicaux.

La situation actuelle :

Le 2 mai 2007, le HCR a convoqué ces réfugiés à Addis Abeba pour leur signifier qu’il allait cesser toute aide et pour leur demander de retourner s’établir à Djibouti où la situation, toujours selon cette organisation, « serait calme ».

A l’unanimité, les réfugiés ont refusé le retour à Djibouti, pour deux raisons :

1°) Les assassins de leurs proches et de leurs amis vivent en liberté à Djibouti et occupent souvent des postes à responsabilité au sein de l’Armée, de la Police et des forces spéciales. La récente découverte d’un premier charnier dans le Day est la preuve des exécutions sommaires et massives de villageois innocents. Accepteront-ils de partager les mêmes terres avec les enfants de ces victimes ? La réponse est évidemment non

2°) Ces résistants ont été les témoins de la trahison du Groupe d’Ougoureh Kifleh, devenu Ministre de la Défense du dictateur Ismaël Omar Guelleh. On peut craindre que les membres de ce Groupe ne puissent pas supporter la présence de leurs anciens camarades, qui ont été témoins de leur trahison.

La demande de ces réfugiés est claire et réaliste :
Dans une lettre ouverte adressée au Président de l’ARDHD ces réfugiés disent refuser de retourner à Djibouti. Si leur maintien en Ethiopie n’est plus possible, ils demandent à ce que le HCR et la communauté internationale prennent en charge leur établissement dans un pays tiers qui puisse les accueillir et leur permettre de vivre dans des conditions de sécurité assurées.

Au total, une vingtaine de familles serait concernée.

SURVIE et l’ARDHD lancent un appel à la communauté internationale et au HCR pour qu’une solution alternative soit immédiatement proposée à ces malheureux réfugiés qui risquent une « mort annoncée », s’ils étaient contraints de rentrer à Djibouti.

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