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Visite privée d’Ould Taya en France ?

Publié le 13 août 2002 - AIRCRIGE, Survie

SURVIE

AIRCRIGE (Association Internationale de Recherche sur les Crimes contre l’Humanité et les Génocides)
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e-mail : aircrige@hotmail.com

C O M M U N I Q U E, Paris le 13 août 2002

Visite privée d’Ould Taya en France ?

L’Organisation Contre les Violations des droits Humains en Mauritanie (OCVIDH) nous informe de la présence en France du Président Mauritanien Maouya Ould Sid’ahmed Taya en "visite privée".

Nous nous joignons aux protestations exprimées par l’OCVIDH à l’occasion de cette "visite", et nous interrogeons sur son caractère "privé". Il est rare que le Président d’un pays étranger vienne aux bords de la Seine sans échange d’amabilités avec au moins quelque représentant de son homologue français. Or, de notoriété publique, le Président Ould Taya est le responsable suprême d’un pays où de graves crimes contre l’humanité ont été et continuent d’être commis. Il est également connu que son état de santé peut l’inciter à entreprendre un voyage qui a pourtant été longtemps retardé. Quels que soient les motifs de sa visite, la présence du Colonel Taya à Paris suppose que la démocratie française accepte d’abriter un homme dont nous rappelons quelques hauts faits :

 Une politique de discrimination et d’épuration ethnique à l’encontre de la population noire : en 1989, l’expulsion massive de 120 000 noirs au Sénégal et au Mali, où ils vivent toujours dans des conditions précaires ; en 1990-1991, l’élimination massive des noirs au sein de l’armée (500 tués en 4 mois).

 Le musellement de l’opposition par la censure de la presse, la fraude électorale, la dissolution des partis d’opposition (Attalia, Union des Forces Démocratiques/Ere Nouvelle, Action pour le Changement), l’arrestation de leurs chefs de file (dont celle, en avril 2001, du Président du Front Populaire Ch’Bih Ould Cheidk Malaïnine, toujours emprisonné avec deux de ses collaborateurs).

 La pratique de la torture dans les prisons, qui connaît actuellement un regain de violence, comme le montre le sort infligé à Mohamed Baba en avril 2002, torturé par les propres cousins du Colonel.

 La tolérance des pratiques de l’esclavage et la répression violente des militants des droits de l’homme.

La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), de son côté, souligne "les actes de torture et les mesures de pression et rétorsion contre l’ordre des avocats et les partis politiques" et rappelle que des victimes mauritaniennes sont engagées dans des procédures judiciaires en France contre plusieurs responsables des sévices qui ont été exercés sur leur personne.

La Chambre de l’instruction de Nîmes a récemment ordonné la mise en accusation pour crimes de torture du Capitaine Ely Ould Dah devant la Cour d’Assises du Gard. Ce dernier, qui résidait en France, avait curieusement réussi à s’en échapper. Echappera-t-il aux sanctions prévues pour les tortionnaires ?

Notre pays a-t-il fait savoir au Colonel Ould Taya qu’en dépit du sort qu’il inflige à son peuple il pourrait désormais compter sur un accueil cordial ? Nous profitons de cette visite pour exprimer notre solidarité avec les Mauritaniens qui combattent son pouvoir et pour inviter les autorités françaises à faire de même, sans quoi elles accepteraient de facto, par ce soutien affiché, d’être complices d’une dictature criminelle.

Nous appelons à gagner le rassemblement de protestation jeudi 15 août 2002 sur le Parvis des Droits de l’Homme (Place du Trocadéro) à partir de 14 heures.

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