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La réhabilitation du dictateur tchadien Idriss Déby à Paris continue

Publié le 7 novembre 2013 - Survie

Idriss Deby sera à Paris le 11 novembre prochain pour faire don à l’UNESCO d’un moulage du crâne de Toumaï, au nom de sa contribution à « l’effort mutuel de préservation du patrimoine mondial de l’humanité » selon l’UNESCO. Depuis la participation des troupes tchadiennes comme armée supplétive de l’armée française au Mali, depuis janvier 2013, la France et les instances internationales ne cessent d’honorer ce dictateur.

Sa participation lui a valu de nombreux hommages de la part de la France et des pays de la CEDEAO qui ne manqueront pas de le célébrer à nouveau lors du Sommet France-Afrique de l’Elysée sur la paix et la sécurité les 6 et 7 décembre prochains. Si le lobby français à l’ONU n’a pas permis au Tchad d’obtenir le commandement de la mission onusienne Minusma au Mali, il a obtenu un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité l’ONU.

L’association Survie s’était déjà insurgée contre l’accueil d’Idriss Déby à l’Elysée en décembre 2012 et contre le défilé de troupes tchadiennes sur les Champs Elysées le 14 juillet dernier. Survie dénonce à nouveau cette réhabilitation d’Idriss Déby qui vise à faire oublier qui est ce dictateur de la Françafrique.

Idriss Déby qui dirige le Tchad depuis qu’il en a pris la tête en 1990 avec l’appui des forces françaises, est coupable de très nombreux massacres, exactions, crimes contre l’humanité sur sa population – passés sous silence par la France pourtant aux premières loges ou impliquée du fait de sa présence militaire sur place [1]. Il s’appuie sur une armée clanique enrôlant des enfants soldats, soutenue sans discontinuer par le dispositif militaire français Epervier, lancé en 1986 par le gouvernement Fabius, qui l’a sauvé à plusieurs reprises de coups de force – comme en 2006 puis 2008 – en échange de son allégeance au pouvoir français et à ses intérêts.

Il utilise l’argent du pétrole exploité au Tchad depuis 2003 pour renforcer son armée et servir ses élites et non pour sa population et son accès aux services de base [2] ni pour abonder le "fonds pour les générations futures" qui avait été créé à cette occasion en accord avec la Banque mondiale. Ce dictateur, au lieu d’œuvrer pour la paix comme la communication actuelle souhaite le faire croire, déstabilise des Etats voisins, que ce soit au Soudan ou encore dans les crises anciennes et dans la crise de 2013 en République Centrafricaine.

L’Association Survie demande :

  • La fin de la présence militaire française au Tchad
  • La fin du soutien diplomatique et militaire à Idriss Déby
  • La contribution à la justice sur les crimes observés par des fonctionnaires français au Tchad entre 1982 et 2013, dont la disparition d’Ibni Oumar Mahamat Saleh en 2008 – à travers la coopération judiciaire sur les enquêtes en cours et la déclassification des archives diplomatiques et militaires concernées.
  •  L’annulation du Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité convoqué par François Hollande, au cours duquel de nombreux dictateurs comme Idriss Déby viendront débattre de paix et de sécurité

[1Voir plus de détails sur le communiqué du Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique - http://www.electionsafrique.org/

[2« L’Etat tchadien consacre aujourd’hui 12% de son PIB à l’achat d’armes (3), soit le double du montant qu’il alloue aux dépenses de santé » http://altermondes.org/spip.php?article711

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