Survie

Le Tchad aux abois ? (suite)

Publié le 22 juillet 2003 - Survie

La situation du dictateur tchadien Idriss Déby est toujours des plus confuses. Il est arrivé le samedi 12 juillet à Paris « en visite privée ». En fin de semaine dernière, l’opposition tchadienne propageait l’écho de son hospitalisation en France, dans un état préoccupant. Plus récemment, des allégations, toujours dépourvues de caractère officiel, localisaient Déby à l’Hôpital américain de Neuilly.

Si ces rumeurs se confirment, les acteurs de la scène politique tchadienne, et notamment les suppôts de la dictature, vont se préparer à la possible disparition du bourreau de N’Djaména. Cette éventualité est à prendre d’autant plus au sérieux qu’au Tchad, de premiers indices de « sauve qui peut » semblent s’être manifestés.

Deux types de dérives sont à redouter en particulier : une vague de répression aveugle menée contre l’opposition, ainsi que le pillage « préventif » des ressources disponibles du pays. Des informations récentes nous portent à croire que ces dérives, au demeurant communes au Tchad, ont déjà pris un tour inhabituel.

Sur le terrain de la répression politique, nous nous faisions l’écho jeudi de l’arrestation à Cotonou et du risque d’extradition vers le Tchad via le Togo de l’opposant Hissein Kotty. Les réactions d’Amnesty International et de la Fédération internationale des droits de l’Homme, en plus de notre communiqué, semblent avoir éloigné ce péril. Mais nous restons fondés à craindre que les « proches » du dictateur tchadien ne soient tentés de museler les résistances, afin que la succession ne leur échappe pas.

Sur le terrain des pillages, il semblerait là aussi que les membres de la Garde présidentielle n’aient pas attendu pour présenter leurs condoléances au clan Déby. Plusieurs groupes de cette unité auraient été observés en train de piller consciencieusement des établissements bancaires tchadiens. Une manière de « faire des provisions », au cas où la succession leur échapperait.

Si le caractère officieux de toutes ces informations doit nous inciter à la plus grande prudence, il est important de relever les risques potentiels drainés par l’instabilité de la situation tchadienne, en particulier en ce qui concerne les menaces qui pèsent sur les membres de l’opposition.

Dans l’onde de choc et de confusion drainée par l’annonce (fondée ou pas) de la possible fin d’un dictateur, les opposants politiques sont toujours les premières victimes !

La France, qui a installé Déby au pouvoir en 1990 et l’y a confirmé en 2001, en coorganisant et validant une élection truquée, porte une responsabilité toute particulière.

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