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Document 20 : Dépêche Reuters du 15 juillet 1994, annotée par Hubert Védrine, secrétaire-général de l’Elysée

Publié le 23 juillet 2014

Le 15 juillet 1994, le président rwandais par intérim Sindikubwabo arrive à Cyangugu, dans la zone Turquoise, bientôt rejoint par la plupart des ministres du GIR. Une réunion a lieu à l’hôtel Matignon pour décider de la conduite à tenir. Visiblement, des points de vue divergents sont exprimés.

L’annonce faite par le Quai d’Orsay que ces ministres responsables du génocide seraient internés suscite cette annotation de la main d’Hubert Védrine, alors secrétaire général de l’Elysée : « Lecture du Président. Ce n’est pas ce qui a été dit chez le Premier Ministre ».

Dépêche Reuters du 15 juillet 1994, annotée par Hubert Védrine, secrétaire-général de l’Elysée

Les membres du gouvernement intérimaire rwandais ne sont pas arrêtés par les militaires de Turquoise. Ils sont au contraire évacués par nos soldats, comme le rapporte le mensuel de la Légion étrangère, Képi blanc, qui indique dans son numéro d’octobre 1994 consacré à l’opération Turquoise : « Battue sur le terrain, l’armée ruandaise se replie, en désordre, vers la « zone humanitaire sûre ». L’E.M.T. [état-major tactique] provoque et organise l’évacuation du gouvernement de transition ruandais [sic] au Zaïre. Le 17 juillet, le gouvernement ruandais passe au Zaïre ».

Une partie des FAR fuit au Zaïre par la zone Turquoise. Le gros des troupes passe par le nord-ouest et Goma, siège du poste de commandement du général Lafourcade. Commence alors la reconstitution de l’armée en déroute, à l’abri des camps de réfugiés hutu qui ont souvent été forcés d’abandonner leurs maisons par les génocidaires battant en retraite. Le soutien français à leur projet de reconquête du Rwanda ne leur fait pas défaut [1].

« On peut difficilement sous-estimer les conséquences de la politique française. La fuite des génocidaires au Zaïre engendra, ce qui était presque inévitable, une nouvelle étape plus complexe de la tragédie rwandaise et la transforma en un conflit qui embrasa rapidement toute lʼAfrique centrale ». Ainsi s’exprime, en 2000, le rapport de lʼOrganisation de lʼUnité Africaine (OUA) intitulé Le génocide quʼon aurait pu stopper (§15.85).

[1cf. Human Rights Watch, Rwanda-Zaïre. Réarmement dans l’impunité. Le soutien international aux perpétrateurs du génocide rwandais, 1995

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