Survie

22-26 mars 2004 : Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994

Publié le 9 mars 2004 - Survie

Le 7 avril 2004 marquera la commémoration du dixième anniversaire du génocide des Tutsi du Rwanda - au moins un million de civils de tous âges massacrés en 100 jours dans des conditions d’une horreur inouïe, pour le simple fait d’être né Tutsi, ainsi que des Hutu qui n’ont pas voulu collaborer au plan d’extermination.

Du 22 au 26 mars 2004, une Commission d’enquête citoyenne - à l’initiative des associations Aircrige, la Cimade, l’Observatoire des transferts d’armement et Survie, soutenues par des personnalités et des citoyens français - examinera le rôle de la France durant ce génocide [1]. Plusieurs rapports d’organisations internationales et de nombreux ouvrages de recherche ont fait la démonstration que, parmi les implications étrangères, celle de la France a été de loin la plus active. De nombreux éléments donnent à penser que la France a continué d’apporter, alors que l’exécution d’un génocide ne faisait plus aucun doute, un soutien militaire, financier, diplomatique et de propagande à l’appareil génocidaire.

Le rapport de la « Mission d’information parlementaire » qui s’est tenue en France en 1998 sur cette question a donné lieu à un grand écart entre le discours de son président Paul Quilès, axé sur la disculpation de la France, et certains aspects de ce rapport. Ceux-ci laissent entrevoir la profonde implication de notre pays dans les rouages du génocide. Et puisque notre Assemblée nationale, en n’allant pas au bout de sa démarche, s’est autocensurée, il faut prendre le relais. Nous, citoyens français, ne pouvons accepter un tel refus de la vérité, ni l’absence de contrôle de notre appareil d’État et l’impunité qui en découle. Parce que les actes et décisions des autorités françaises sont mis en œuvre en notre nom, nous avons le droit, plus encore le devoir, de veiller à ce qu’ils ne soient pas en contradiction avec les principes élémentaires d’humanité.

La Commission d’enquête citoyenne examinera l’ensemble des éléments à sa disposition faisant peser sur la France le soupçon d’une complicité multiforme avec l’un des plus graves crimes du XXème siècle. Les séances se dérouleront à Paris sur cinq journées et porteront sur les implications françaises dans les champs militaire, financier, diplomatique, idéologique et médiatique, au cours de l’opération Turquoise, et sur les chaînes de décision à cette époque au sein de l’Etat français. Composée de personnalités associatives et qualifiées, la Commission s’engage à examiner avec objectivité les documents écrits et filmés qui seront portés à sa connaissance, à entendre et questionner impartialement les témoins et experts qui accepteront de venir s’exprimer devant elle. Ses travaux seront intégralement enregistrés et publiés.

Elle espère ainsi faire sauter le verrou historique, médiatique, juridique et judiciaire sur la question de la complicité présumée de notre pays. Les conséquences de ce déblocage sont évidentes - à la mesure de l’énergie incroyable mise dans le verrouillage. Au-delà de l’indispensable réparation, il s’agit pour nous de comprendre les mécanismes qui ont pu permettre une telle complicité, de manière à empêcher des récidives.

Contact presse :

SURVIE, Sophie Brondel 01 44 61 03 25

sophie.survie@wanadoo.fr

[1La pétition de soutien à la mise en place de la CEC a d’ores et déjà recueilli plus de 2000 signatures

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