Après trois ans d’enquête, trois entreprises françaises opérant à Madagascar (ADP International - filiale d’Aéroports de Paris - Colas et Bouygues Bâtiment International) viennent d’être sanctionnées par l’International Finance Corporation (IFC), dépendant de la Banque mondiale. « Les sanctions diffèrent selon le degré d’implication », rapporte Rfi.fr (06/01) : « Colas et sa filiale sont frappés par la sanction la plus lourde. L’entreprise de BTP est exclue pour deux ans de tout projet ou opération financée par les institutions du groupe la Banque Mondiale. ADP est suspendue pour un an, et douze mois de sursis pour Bouygues Bâtiment. » En cause, les moyens mis en œuvre pour ne pas laisser s’échapper les marchés de rénovation, d’agrandissement et de gestion des aéroports d’Antananarivo et de Nosy-Be, avec une concession de 28 ans à la clé. « Au départ, il n’y a pas d’appel d’offres mais l’espoir d’un marché de gré à gré chez Colas et ADP », relate JeuneAfrique.com. « En effet, entre la seconde moitié de 2014 et janvier 2015, les deux groupes mènent un intense lobbying auprès du gouvernement malgache afin d’obtenir la concession des deux principaux aéroports de la Grande Île. Un protocole d’accord est d’ailleurs signé en août 2014 entre les parties. » Mais le pouvoir malgache se ravise et « décide finalement de lancer un appel d’offres international pour les concessions, au grand dam du consortium français. Comme pour toute procédure de ce type, la règle est claire : aucun contact – en dehors des circuits de communication strictement prévus par l’appel d’offres – ne peut avoir lieu entre les prétendants et le donneur d’ordre. » C’est précisément ce qui est reproché aux groupes français par le rapport d’enquête qui pointe des « collusions et pratiques frauduleuses, en participant à des rencontres malvenues avec des officiels malgaches entre le 4 février et le 4 mai 2015 ».