Survie

7 avril 1994, 9 ans après : souvenirs.

Publié le 7 avril 2003 - Survie

Le 7 avril 1994, vous vous souvenez ? Ce jour et cent jours encore ont emporté quelque chose comme un million de nos semblables... Des Tutsi rwandais, victimes du génocide élaboré par un régime tout entier tourné vers sa mise en exécution. Et des Hutu rwandais, des Twa rwandais aussi, opposés à ce projet.

Notre pays, la France, apportait son soutien, de longue date, au camp du Président rwandais d’alors, Juvénal Habyarimana, mort dans l’attentat contre l’avion qui le ramenait d’Arusha à Kigali le 6 avril. Il a confirmé ce soutien en se retirant du champ génocidaire où il aurait pu intervenir pour éviter le pire. Il l’a confirmé par son soutien au gouvernement intérimaire rwandais (GIR) mis en place au lendemain de l’attentat pour mettre le génocide en œuvre - jusqu’au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

L’avenir déterminera avec plus de précision le nombre des suppliciés - hommes, femmes, enfants, jusqu’aux enfants encore à naître, arrachés aux ventres de leurs mères. Nul n’ignore la nature du supplice, l’"indifférence" qui lui fut comme une autorisation.

A l’ONU, hormis quelques voix qui sauvèrent l’honneur humain, le mot d’ordre était laissons les mourir. Il fallut longtemps pour qu’on y appelle cette façon de mourir par son nom : génocide.

Souvenirs. Brûlants.

Quelques pays ont reconnu les faits, demandé pardon. L’ONU a examiné sa part de responsabilité. Ici, nous en sommes encore, neuf ans après, à attendre un mot, ne serait-ce que de regret. A attendre que la justice française se saisisse des plaintes contre de présumés coupables du génocide réfugiés sur le sol français. Nous sommes, plus que jamais, invités à nous pencher sur la politique de l’actuel pouvoir rwandais pour mieux "oublier" ce qui l’a précédé.

Ce qui fut ne se dissout pas dans ce qui est. Il participe à sa constitution. Nous devons aux victimes de ne jamais l’oublier. Devant ce brûlot de l’histoire humaine, et tout ce qui en a constitué la capacité incendiaire, ce sont elles, les ayants droit.

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