Survie

Fabius au Maroc : une lutte à la fois contre le terrorisme et la justice

Publié le 9 mars 2015

Après le Tchad et le Cameroun en février, c’est au Maroc que Laurent Fabius se rend pour, au nom de la lutte contre le terrorisme, renforcer les liens avec un régime criminel. Après avoir provoqué un tollé en assurant l’impunité à des tortionnaires marocains présumés, le gouvernement français enfonce le clou, à quelques semaines du vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur la mission déployée au Sahara occidental.

Laurent Fabius se rend à Rabat en visite officielle, ces lundi 9 et mardi 10 mars, pour, selon le porte-parole du Quai d’Orsay, des discussions « sur les ambitions renouvelées du partenariat franco-marocain : lutte contre le dérèglement climatique, lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation, sécurité et développement en Méditerranée comme en Afrique ».

De quoi parle-t-on, et surtout avec qui ?

Le « développement » du Maroc se fait entre autres sur le bradage des ressources naturelles du Sahara occidental, occupé illégalement, tandis que la puissante Société Nationale d’Investissement (SNI), détenue majoritairement par la famille royale, et 700 filiales d’entreprises françaises réalisent dans le pays des bénéfices colossaux dont ne restent que quelques miettes pour la population.

Sans doute pour lutter contre le dérèglement climatique, les autorités marocaines multiplient les permis d’exploration et d’exploitation d’énergies fossiles dans le Sahara occidental, où la répression est systématique pour les organisations qui militent en faveur des droits humains ; des droits dont la surveillance ne fait toujours pas partie du mandat de la mission de l’ONU sur place, la MINURSO. Alors que fin avril aura lieu au Conseil de sécurité de l’ONU le vote de prolongation de cette mission, cette visite de Fabius laisse présager le renouvellement de l’appui indéfectible de la France à la monarchie chérifienne sur ce dossier.

Enfin, comme au Cameroun et au Tchad où Laurent Fabius s’est rendu en février, la « lutte contre le terrorisme » est une fois de plus le prétexte parfait pour assurer un régime anti-démocratique (et même tortionnaire [1]) de « l’amitié » française, bien que celle-ci soit assurément la meilleure garantie de la radicalisation violente que Paris dit redouter en Afrique et au Moyen-Orient.

[1] Lire sur le même sujet : France-Maroc : un arrangement à l’amiable sur le dos des victimes de torture, parus dans notre mensuel Billets d’Afrique de mars.

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